INTERVIEW
UN LONG DIMANCHE DE FIANCAILLES
Assis aux cotés des principaux comédiens de son nouveau film, Jean-Pierre Jeunet a répondu à nos questions, et surtout insisté sur les raisons premières qui l’ont conduit à tourner ce film. En premier lieu un film entièrement tourné sur le sujet de la première guerre mondiale était trè…
Assis aux cotés des principaux comédiens de son nouveau film, Jean-Pierre Jeunet a répondu à nos questions, et surtout insisté sur les raisons premières qui l’ont conduit à tourner ce film. En premier lieu un film entièrement tourné sur le sujet de la première guerre mondiale était très difficile à monter.
« D’abord pour des raisons de budget », mais aussi par ce que celle-ci représente « un sujetabominable ». Cependant, Jean Pierre Jeunet précise que, lui-même, depuis tout petit, se sent proche des hommes ayant fait cette guerre, pensant « même parfois y avoir participé, sans pour autant croire à la réincarnation ».
D’autre part ce moment de l’histoire trouve « un regain d’intérêt de par la disparition progressive des témoins capables d’en rendre compte », et se place alors « comme une sorte de mythologie ».
Et le romande Japrisot, qu’il comptait adapter « depuis plus de 20 ans », a permis de combiner « cette description sordide des évènements, avec une histoire d’amour et un espoir véhiculé malgré tout ». D’ailleurs comme le souligne Audrey Tautou, par certains aspects, la détermination des personnages est plus palpable dans le film que dans le roman.
Concernant à nouveau cette guerre, le réalisateur revient sur le fait qu’il n’a rien montré, et que le traitement des combats est des plus léger. Il insiste même disant affirmant n’avoir « rien, mais alors rien montré du tout, malgré la dureté du film que reprochent certains ». Pourtant, d’un autre coté, il s’accorde à dire que « beaucoup de scènes du film auraient pu donner des films a part entière, vu la densité émotionnelle véhiculée ».
Puis par la suite le réalisateur aborde la teneur de son travail et notamment du tournage en extérieur, qui pour lui, avait constitué un calvaire sur ses films précédents. Même si les conditions climatiques, pour des scènes qui paraissent insignifiantes, ne l’aidèrent pas, il rend hommage au numérique qui lui permit pour ce film, de donner sa propre vision, ceci sans aucune limite. Ainsi, « le numérique aide beaucoup à rajouter mais surtout à enlever » dit-il avec soulagement.
D’autre part cela lui a permis de plus se concentrer sur le travail des acteurs, et vu le nombre pléthorique de leur présence, cela était indispensable. Même si sa famille d’acteurs est plus présente, d’autres sont venus se greffer dans son monde. « Et le choix des différents personnages se fit à partir du scénario, où le travail se fit par couche, comme pour le story-board ».
D’ailleurs tous s’accordent pour dire, que malgré l’enjeu, Jeunet ne guide pas trop ses acteurs mais les laisse dans un cadre de jeu. Gaspard Ukiel souligne ainsi une différence notable entre Techiné et Jeunet. Mais c’est aussi cette implication dans les différents personnages que le réalisateur de Délicatessen souligne. Chaque acteur s’intégrant peu à peu dans les personnages de cette époque « à tel point que lors d’une scène avec Tcheky Kario, en le regardant », [il] lui a semblé être en plein dans l’époque, dans la guerre.
D’autres comme Audrey Tautou, on eu du mal à lâcher leur personnage « et cela s’est fait comme un souffle libérateur ». En fin de compte cela restera pour tous, comme une très grande expérience de cinéma, où la passion du réalisateur a entraîné toute l’équipe du film.
Guillaume Bannier Envoyer un message au rédacteur