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INTERVIEW

OSS 117, RIO NE RÉPOND PLUS

Michel Hazanavicius

Journaliste :
Ce nouvel opus d’OSS 117, se déroule en 1967, pourquoi ce bond temporel ? Quelles ont été les répercussions au niveau du scénario ?

Michel Hazanavicius :
La première raison à cela était pour moi la hantise de faire un film qui serait trop proche du premier….

© Gaumont Distribution

Journaliste :
Ce nouvel opus d’OSS 117, se déroule en 1967, pourquoi ce bond temporel ? Quelles ont été les répercussions au niveau du scénario ?

Michel Hazanavicius :
La première raison à cela était pour moi la hantise de faire un film qui serait trop proche du premier. D’ailleurs, par rapport à la chronologie des romans, au lieu de faire le 2 après le 1, on a décidé de faire le 8 directement. La deuxième raison était que 1967 permettait de faire référence à une époque et à un cinéma différent. Ensuite au-delà de ça, d’un point de vue scénaristique, cela permettait de garder le même personnage et de changer les ressorts de comédie. De 1955 à 1967, il se trouve que le monde a beaucoup changé. On est passé du monde de nos grand-pères au monde de nos pères. Le personnage est toujours aussi con, bête, crétin…

Jean Dujardin (imitant OSS) :
Dîtes donc… vous voulez que je reprenne l’avion !

Michel Hazanavicius :
Le fait d’être en 1967 permettait que les gens lui répondent. Là où dans le premier ils se contentaient de le regarder un peu longuement, ce qui permettait au spectateur d’entendre penser les personnages. Là, ils lui répondent et du coup, ils mettent OSS en situation d’échec. En 1967, on commence à le faire vaciller. A la différence de James Bond, où on a un personnage qui est en place, qui fonctionne et qu’on répète à l’infini, ici l’idée était de l’abîmer un peu pour ne pas faire le même film.

Journaliste :
Y a t-il eu des répliques que vous avez supprimées parce que trop méchantes, trop sulfureuses ?

Michel Hazanavicius :
Oui effectivement, souvent on allait trop loin quitte à enlever par la suite, afin d’essayer ce qui nous semblait être la bonne mesure. Les dialogues qui sont sur le papier, interprétés par les comédiens, prennent une autre saveur. Tout cela permet de chercher le bon ton. Personne n’est fan de blagues racistes, on essaye des trucs, mais faut que ça aille avec la situation, que ce ne soit pas ambigu.

Journaliste :
Vous avez choisi de transposer ce personnage à travers les époques sans le faire vieillir. allez-vous continuer dans ce sens là ? Voire envisager de le transposer à l’époque contemporaine ?

Michel Hazanavicius :
Matrix, vous voulez dire ?

Journaliste :
Ou un Jason Bourne ?

Michel Hazanavicius :
Personnellement, j’ai passé beaucoup de temps à réfléchir comment faire celui là, donc sincèrement je ne sais pas encore. En tout cas si il y a une suite se sera sans doute à une autre époque.

Journaliste :
A la différence du premier, qui au niveau des références était plus un pastiche, on a l’impression que pour celui ci, les références sont plus appuyées, notamment à Hitchcock. Est-ce une volonté de rendre hommage à ce qui vous tient à cœur en tant que cinéaste ?

Michel Hazanavicius :
Je n’ai pas l’impression de faire du pastiche pour du pastiche. Je me sens plus à l’aise avec le mot “détournement”, parce que je trouve que dans ce mot, il y a le respect du premier degré. La référence à Hitchcock doit être là pour appuyer une scène, ce ne doit pas être le premier truc que l’on voit. Le premier se passait en 55 et faisait référence à un cinéma couleur d’avant la nouvelle vague et il n’y avait pas tant de modèles que cela. Après la nouvelle vague l’image a explosé, on est sorti des studios et tout le monde a fait de la couleur. Cela a permis plus de liberté.

Journaliste :
Jean Dujardin, est-ce différent d’interpréter OSS 117 en 1967 ?

Jean Dujardin :
En fait, j’ai l’impression que le personnage ne m’a pas réellement quitté depuis 3 ans. D’ailleurs il est avec nous en ce moment… (rires). Il est peut être un peu plus décontracté. Michel m’a passé des DVD : “Harper le détéctive privé” avec Paul Newman, par exemple, qui a une espèce de cool attitude. J’ai eu l’impression de moins poser, de plus amener le personnage à moi. Je n’étais plus dans la fabrication, il était rentré !

Journaliste :
Vous êtes vous plus amusé dans le second que dans le premier ?

Jean Dujardin :
C’est pareil, je ne peux pas comparer. Le premier c’était la découverte. On devient un agent secret, c’est comme un rêve de gosse. Là j’ai retrouvé la même équipe, en plus à Rio dans un décor de carte postale. Quand le matin on voit le soleil se lever sur Copacabana, je peux vous dire qu’on est content d’aller bosser. Avant d’être un film, il est vrai que ça a été 4 mois de plaisir.

Journaliste :
Et vous Louise Monot, quelle a été votre réaction quand vous avez été choisie pour le film ?

Louise Monot :
J’étais ravie ! J’avais adoré le premier. J’aime cet humour, ce décalage et je trouve l’ensemble très réussi. Sans être trop dans la caricature, il y a une vrai sincérité.

Jean Dujardin :
C’est un rôle difficile que celui de Louise, elle est en quelque sorte le clown blanc et c’est pas évident.

Louise Monot :
J’aime ce personnage, j’aime cette manière d’être qu’elle a avec OSS, de lui répondre, de se positionner face à lui.

Michel Hazanavicius :
C’est un rôle qui est compliqué parce qu’il est construit autour du personnage de Jean. C’est un peu comme du lego: il faut correspondre à la place qui lui est impartie.

Louise Monot :
Par exemple, j’ai cru que j’allais être drôle, mais pas du tout. Quand j’ai lu le scénario je me suis dit “cool, c’est marrant ce que je dis”, mais je me suis rendu compte sur le tournage que c’était la situation des deux qui était drôle, et pas moi !

Journaliste :
Pour les scènes de catch, avez vous suivi une formation ?

Jean Dujardin :
Oh, une formation d’une heure, une heure et demie… (rires). Non en fait j’ai fait 4 à 5 séances mais ça a été assez court en fait. C’est très amusant. Ca effraye un peu au début, on se dit qu’on y arrivera jamais, mais en fait c’est juste hyper-physique, sans être plus difficile que ça. Puis j’avoue, j’ai été doublé pour la majorité des passes.

Journaliste :
Quel a été le moment du tournage le plus difficile ? Et le plus agréable ?

Jean Dujardin :
Ben c’est le même en fait ! C’est la partouze ! Pour des scènes comme ça on ne peut s'empêcher d’avoir une sorte d’appréhension. En fait c’était un joli moment d’équipe, rien à voir avec le fait que tous les figurants soient à poils, au contraire c’était très chaste, très doux, très respectueux. On tournait la nuit vers 2-3 heures du mat et parfois à ces heures là, c’est un peu irrationnel.

Journaliste :
Entre le premier et celui-ci, vous n’avez pas été tenté par un autre projet ?

Michel Hazanavicius :
Si, mais ça n’a pas marché, je n’ai pas trouvé l’argent. C’était un film que j’avais écrit avant OSS, sur les frères Guérini, les 2 parrains marseillais. Il se déroule sur plusieurs décennies, comme une saga. Un film long donc cher, qui évolue dans des milieux luxueux donc encore plus cher et on a pas réussi à trouver l’argent.

Gaëlle Bouché Envoyer un message au rédacteur

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