INTERVIEW
NARCO
L’ambiguïté éventuelle quant au titre Narco, qui peut faire pensé à Narcotiques, a bien entendu été une préoccupation du producteur Yvan Attal. Mais le choix a été fait de conserver ce titre, la peur de l’écueil restant minime, le ton de la comédie et la communication importante auto…
L’ambiguïté éventuelle quant au titre Narco, qui peut faire pensé à Narcotiques, a bien entendu été une préoccupation du producteur Yvan Attal. Mais le choix a été fait de conserver ce titre, la peur de l’écueil restant minime, le ton de la comédie et la communication importante autour du film devant dissiper rapidement tout malentendu.
Quand on l’interroge sur l’influence du personnage du Dude dans The Big Lebowsky (frères Coen), Gilles Lellouch revendique la référence. Il indique qu’il fallait un personnage qui soit charismatique et viril dans les rêves, et plutôt mal rasé, négligé et lymphatique dans la vraie. En cela, le personnage de Gus est proche de celui des frères Coen. Gilles Lellouch a par ailleurs souhaité une fin non triomphante pour le personnage, car sinon son message aurait été annulé. Ainsi, sa galerie de personnages court après des rêves de vie meilleure, et pour Gus cela signifie simplement une vie normale. L’ambition n’est donc pas forcément l’essentiel dans l’existence.
Pour préparer son rôle, Guillaume Canet a bien entendu rencontré des malades. Mais la volonté des scénaristes était de ne pas faire un film sur la pathologie. Il souhaitait donc trouver un certain réalisme dans les manifestations de la maladie, dont notamment la façon de tomber. Il a donc rencontré quelques personnes, et notamment le président de l’association des narcoleptiques. Il a d’ailleurs été surpris par les problèmes de couples ou de boulot que ces gens rencontrent. Dans leur travail, ils sont d’ailleurs souvent considérés comme des faignants ou des camés. Gilles Lellouch ajoute que seul le coma, qui dans le film guérit Gus de sa maladie, est un élément purement fictionnel.
Le choix des acteurs s’est fait principalement par connaissance. Gilles Lellouch ajoute que Guillaume Canet n’est « pas très cher » (rire) et qu’il voulait aller vers un rôle de pure composition. Il fut donc emballé par le projet. Zabou, est elle arrivée plus tard, suite à une rencontre, où il lui est apparu qu’elle avait suffisamment de folie pour devenir la femme de Gus. L’actrice n’a pas eu peur de s’engager. L’idée des jumeaux assassins, est venue « après [avoir fumé] beaucoup de joints » (rires). Le principe était de trouver ce qui serait le plus contradictoire avec le tueur à gages : le patineur artistique ! Le look « village des damnés » ajoute à leur côté irréel.
Concernant Jean Claude Van Damme, la proposition lui a été faite lors d’un repas, après une avant première de Mon Idole. Ils se sont en effet croisés dans un restaurant, et Jean Claude lui a remis sa carte. Dessus, il était écrit JCDV « aveue ot the stars », ce qui après vérification, s’est avéré être, non pas de la mythomanie, mais la réalité. Bien entendu, ils ont évité les « aware », en donnant à son personnage une certaine poésie, et il a donc accepté facilement, connaissant sciemment l’aspect auto parodique de son rôle.
L’écriture s’est faite à partir d’une première accroche rédigée par Alain Attal et philippe Lefbvre. Des allers retour entre les deux ralisateurs (Gilles Lellouch et Tristan Aurouet) ont alors eu lieu comme un jeu de « ping pong », l’écriture se faisant à deux mains. Alain Attal précise que c’est Gilles Lellouch qui a eu l’envie de faire des mini-films de genre pour illustrer chacun des rêves de Gus. Cela a donné les trois courts métrages : un braquage, un film de guerre, un autre dans l’espace. Il existait un quatrième rêve, qui a été tourné, basé sur l’héroïc fantasy. Il a été coupé au montage, et se retrouvera peut être dans le DVD.
Le réalisateur et le co-scénariste, Philippe Lefebvre, précisent qu’ils ne sont pas des férus de BD, et qu’il ne connaisse cet univers là que par la culture populaire. Si la narcolepsie est le moteur de la création au départ, Gus ne peut plus rien produire après son coma, ce que les scénaristes n’ont pas souhaité développé, car le personnage devait se concentrer sur l’important : sa famille. Les références à Georges Michael ou Nicolas Sirkis étaient une manière élégante de brosser rapidement un portrait des années 80, car le personnage devait grandir avec cette pop culture, qui fut pour beaucoup un « grand traumatisme pré-pubère ».
Quant au lieu de tournage, qui fait penser au midi, les extérieurs ont été tournés à 100km de Montpellier, et les scènes dans le lotissement à l’américaine, à quelques kilomètres de Paris. Le lieu était souhaité comme semblant irréel, intemporel, ce que confirme le département choisi, si on regarde les plaques d’immatriculation : le 96. Qui n’existe pas ! Le résultat paraît plutôt réussit à Alain Attal. Il y a quelques temps, une projection a été faite auprès de malades. Si un journaliste plaisante en suggérant qu’ils « n’auraient pas vu la fin » du film, s’étant assoupi avant, Guillaume Canet indique qu’ils se sont plutôt retrouvés dans le personnage, malgré le ton décalé du film. Une réussite donc pour cette équipe, qui attend impatiemment les premières réactions lors de la sortie du film, le 01 décembre.
Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur