Festival Que du feu 2024 encart

INTERVIEW

FONZY

Isabelle Doval et José Garcia

Réalisatrice - Acteur
© StudioCanal

Isabelle Doval, à propos du choix de réaliser un remake…

« J’aurais adoré que ce scénario soit mon idée ! Des producteurs sont venus avec leur idée de faire un remake français de "Starbuck", et j’y ai vu l’opportunité de m’approprier une histoire qui à mon sens n’était pas complète, même si très bien écrite. J'y ai apporté mon propre regard sur la paternité, le film étant également le récit de la naissance d’un père, et sur le besoin humain de savoir d’où l’on vient, qui l’on est. »

Isabelle Doval, à propos des différences entre l’original et ce remake, notamment par rapport aux lois françaises et canadiennes…

« La question éthique est la même dans les deux films… Est-ce qu’on est pour le don de sperme, etc. ? Le postulat de base est celui d’un collectif d’enfants qui recherchent leur géniteur… En l’occurrence, par rapport à la loi canadienne, la loi française avantage notre personnage, car elle interdit de vendre son sperme pour l’insémination artificielle, mais seulement pour la recherche. Ça va dans le sens de la gentillesse, la bonté, de ce personnage, qui a vendu son sperme pour la bonne cause, à savoir payer un voyage à ses parents.
C’est donc un personnage qui a pu grandir, se construire, sans se poser la question d’une éventuelle progéniture. Et ça, ça nous intéressait. Après, effectivement, ça nécessite dans l’adaptation de traiter deux affaires judiciaires. Mais les lois à ce sujet sont différentes dans chaque pays. »

Isabelle Doval, à propos des enfants IAD (Insémination avec donneur anonyme)…

« Il a fallu faire des recherches, afin de bien connaître le sujet. Au niveau sentimental, c’était quelque chose qui me préoccupait beaucoup. Cette question de la paternité, du géniteur et de l’accompagnateur, bien sûr, mais aussi la question du droit des enfants. J’ai regretté que dans le script du film original, on ne donne pas la parole aux enfants, en dehors du postulat de base.
Je voulais aborder ce besoin d’identité, cette envie que l’on a tous, en tant qu’être humain, de connaître la vérité sur nos origines pour mieux cheminer dans la vie. Et ça, en ayant rencontré des enfants IAD, je me suis rendue compte de ce que pouvait être cette douleur. Alors, après, il y en a qui mette un coussin sur leur sensibilité, qui préfère être dans le déni, comme l’autre partie des 533 enfants qui ne recherchent pas Fonzy. Mais je pense qu’à partir du moment où un donneur dévoile son identité, les enfants rappliquent. »

Isabelle Doval, à propos de la thématique de la paternité et du rôle de Lucien Jean-Baptiste…

« C’est un vrai film sur la paternité. On s’en rend bien compte, et c’est peut-être ça qui les avait fait faire l’impasse sur les enfants IAD dans le film original. Dans mon film, elle est représentée par plusieurs personnes. Par la naissance d’un père, avec le personnage de Diego qui s’apprête à avoir un bébé, par le rôle que tient Lucien Jean-Baptiste, et également par le rôle que tient Gérard Hernandez.
C’est donc un vrai film sur la paternité, sur la filiation. Concernant le personnage de Quentin, joué par Lucien, je voulais vraiment le différencier du personnage de "Starbuck", en faire un vrai papa-ours, mais sexy ! Un père un peu débordé par ses enfants, mais qui les aime vraiment. »

José Garcia, à propos de son personnage et de son travail sur le rôle…

« J’ai vécu deux fois le fait de devenir père, et les deux fois je me suis trouvé aussi démuni. C’est ce qui m’a plu dans l’histoire… Quand on devient père, on est tous, je pense, dans le même état, à se demander si on va être à la hauteur. On n’a pas la recette. Alors on essaye d’être le plus à l’écoute possible de la maman, de l’accompagner, et finalement de trouver sa place.
Mon vrai challenge, pour ce film, c’était non seulement d’être dans la paternité, mais également d’être dans ce qu’Isabelle voit en moi, au quotidien. Parce que travailler sur cette écoute, sur la bonté, sur la gentillesse, ce sont des zones où je n’aime pas trop aller au cinéma. Et la seule personne qui me connaît assez pour travailler là-dessus, c’est Isabelle. Je savais qu’elle allait prendre des choses en moi que je ne maîtrisais absolument pas.
Jamais je n’aurais accepté d’aller sur ce film avec un autre metteur en scène. C’est le genre de film qui doit être vraiment maîtrisé, parce que sinon on peut tomber dans quelque chose d’extrême, de vulgaire, soit dans le pathos pur et simple. Je ne maîtrise pas bien ce genre d’équilibre. Il me fallait donc quelqu’un qui sache me diriger exactement dans la bonne direction. »

Frederic Wullschleger Envoyer un message au rédacteur

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