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INTERVIEW

FIANCEE SYRIENNE (LA)

Hiam Abbass indique avoir d’abord lu le scénario, que lui avait fait passé le producteur du film. Elle a ensuite eu rendez-vous avec le réalisateur. Elle trouvait que l’histoire était originale, et surtout très différente de ce que se fait concernant ce coin du monde. Le fait qu’il n’…

© Patrice RICOTTA

Hiam Abbass indique avoir d’abord lu le scénario, que lui avait fait passé le producteur du film. Elle a ensuite eu rendez-vous avec le réalisateur. Elle trouvait que l’histoire était originale, et surtout très différente de ce que se fait concernant ce coin du monde. Le fait qu’il n’y ait pas de jugement sur la nature du conflit a été décisif dans son choix de dire oui. C’est finalement une histoire assez universelle.

Pour interpréter le personnage de Amal, elle ne s’est pas directement inspirée de sa propre vie. Bien sûr, une actrice se sert toujours de son bagage, et dans son cas, de son combat personnel pour devenir comédienne, comme d’autre pour devenir médecin. Ce qui compte, selon elle, ce sont surtout les lectures, avant le tournage. Amal, c’était pour elle un beau rôle, plein de convictions, à des lieux de celui de la fiancée, qui subit plus les choses. Le fait qu’elle connaisse très bien les lieux, et notamment le village où se déroule l’action, a bien sût ajouter à son intérêt pour l’histoire. Mais elle avoue qu’au fil du tournage, elle s’est réjouie d’un certain éloignement des larmes, du pathos, initialement assez présent dans le scénario.

Les conditions de tournage ont été étonnamment faciles. Seuls les extérieurs, dans le village, ont posé quelques problèmes, car situés sur une période réduite d’une semaine. Il y a eu beaucoup de contacts avec les gens, des deux côtés de la frontière. Et les origines diverses des gens composant l’équipe de tournage ont incité à un respect des gens du coin. Avec ce genre de mariage, même avec un inconnu, lui aussi d’origine druze, les filles espèrent avoir une vie meilleur de l’autre côté. Car au fond, il y a peu de perspectives d’union, dans les quatre villages qui composent le Golan. L’actrice ajoute qu’il y a d’ailleurs eu un mariage récemment et qu’à sa connaissance, la mariée au pu, elle aussi, traverser.

Etonnamment le film se termine sur son personnage et non sur celui de la fiancée. Pour elle, le réalisateur a voulu concentrer le côté optimiste de l’avenir des femmes, au travers de son personnage à elle. Au départ, la fin n’était pas écrite comme cela. Mais quelque part l’issue vient des femmes, les hommes restant coincés dans leurs systèmes de fonctionnement. Si c’est là un constat, le réalisateur n’a jamais souhaité être dans le jugement. Il voulait simplement raconter l’absurdité d’une situation administrative. Du coup, ses personnages en sont devenus encore plus humains, car chacun vit avec ses contradictions. Ils sont tous complexes, la frontière étant autant psychologique que physique, dans leurs vies.

Un journaliste l’interroge alors sur le succès du film au moyen orient. Hiam Abbass indique que La fiancée syrienne a été très bien reçu en Israël, où il a réalisé plus de 100 000 entrées en 10 semaines. Elle ajoute qu’il ne sortira certainement jamais en Syrie.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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