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INTERVIEW

DOUCHES FROIDES

Anthony Cordier, réalisateur de Douches Froides vient du documentaire. Son envie de passer à la fiction lui vient des portraits qu’il a pu faire, ce qui a pu constituer un acte initiatique intéressant. Il accepte avec ses deux interprètes principaux, de répondre à quelques questions des jour…

© Patrice RICOTTA

Anthony Cordier, réalisateur de Douches Froides vient du documentaire. Son envie de passer à la fiction lui vient des portraits qu’il a pu faire, ce qui a pu constituer un acte initiatique intéressant. Il accepte avec ses deux interprètes principaux, de répondre à quelques questions des journalistes lyonnais.

Bien sûr le trio amoureux qui est au centre de son film, n’est pas uniquement un fantasme ou une expérience vécue. Anthony Cordier précise qu’il y a forcément une part de référents personnels dans tout scénario. S’il est assez ouvert avec ce genre de thème, il croit cependant que son expérience personnelle n’intéresse personne. Ainsi l’expérience à trois, dans le film, cela peut être une expérience érotique, qui doit demeurer cachée, mais surtout, le désir d’un trouble pour un garçon, de cèder sa fiancée à un autre, temporairement.

Le choix de placer son récit dans l’univers du judo lui a paru évident. Car c’est un sport qui finalement se situe entre le contact de combat et les calins. Le moment le plus intéressant était pour lui, celui où l’on passe des gestes sportifs aux gestes sexuels, qui s’avèrent finalement presque plus naturels. Si ce sport avait beaucoup d’avantages au niveau tournage, il pouvait aussi être rapidement « chiant » à regarder. Il a su dépasser cette limite, notamment lors de la scène à trois, où il lui fallait montrer le côté subjectif de l’acte, en se mettant lui même en retrait. Il a choisi d’amplifier le son du souffle des acteurs, pour rendre l’expérience palpable. Pour son personnage principal, l’érotisme nait du fait d’entendre le souffle de l’autre, en en étant pas soit même l’agent provocateur.

La scène avec l’infirmière a choqué certaines personnes par une absence de dialogue préventif. Bien sûr celle-ci prescrit au personnage féminin la pillule du lendemain, mais le réalisateur explique la réaction silencieuse de celle-ci par le fait qu’elle est simplement déstabilisée par la liberté de cette jeune fille. Il est vrai que dans l’usage de la capote peut déjà être quelque chose de compliqué à deux, alors à trois, cela peut l’être encore plus. Mais le réalisateur admet qu’un discours de prévention aurait été préférable.

Concernant le casting, la démarche a été différente en fonction des rôles. Pour celui de Johan Libereau, Anthony Cordier précise qu’il ne savait pas si ses recherches allaient passer par les écoles de théâtre, ou par un casting sauvage. Il a choisi finalement d’écumer non seulement les théâtres, mais aussi les cours de judo. Johan est finalement arrivé assez tard, après des essais avec près de 200 garçons. Mais lorsqu’il l’a rencontré, il y avait une sorte de souplesse dans son comportement, qui a rendu le choix évident. Pour Salomé, il l’avait vu dans Michka, le film de son père (Jean François Stévenin), et il l’a rencontrée assez rapidement.

Interrogée sur la différence d’expérience sur Douches froides, avec celle du film de son père, Salomé Stévenin indique que les choses étaient différentes ici, mais qu’elle a aussi accumulé une certaine expérience d’actrice, au travers de plus d’une quinzaine films ou téléfilms entre temps. Elle avoue avoir été très inquiète lors de la lecture du scénario, car au fur et à mesure qu’elle tournait les pages, elle avait peur certaines choses arrivent, et cela se passait à chaque fois comme préssenti. Puis elle a trouvé que certains clichés étaient tout de même évités. Il s’agit notamment de la manière de dialoguer avec les gens de son âge, chose dont elle ne se sentait pas capable lorsqu’elle était ado, et qu’elle a pu retrouver dans le script. Et puis elle a trouvé très positive la scène où son personnage dit la vérité, dans les vestiaires, à la fin. L’idée que le héros, perde finalement tout, l’a également séduite. Le plus difficle pour elle, lors du tournage, a été la scène de nu, sur le dojo, surtout dans sa répétition, lors de plusieurs prises. Mais cela s’est bien passé, après avoir répété pendant près de deux jours, tout habillés.

Concernant les rapports avec les quatre acteurs plus expérimentés, les deux jeunes interprètes indiquent qu’ils ont apporté beaucoup, en terme de conseils. Johan précise qu’il a été très uni, non seulement avec Salomé, mais aussi avec Florence Thomassin. Son rôle lui a demandé de ne pas avoir peur de s’ôle lui a demandé de ne pas avoir peur de s’investir. Après six mois de préparation, où il a pris 6 kg pour ensuite les perdres pendant le tournage, sa condition psychologique et la fatigue, l’on mené naturellement dans la peau du personnage. Le fait que le tournage ait été pratiquement chronologique, avec des journées longues, l’ont mené à des insomnies et finalement à se retrouver « à cran » sur la fin, et donc en conditions pour son rôle.

Anthony Cordier précise qu’un tournage, c’est un peu une caisse de résonnance, où les émotions finissent par prendre des proportions innatendues. On y développe des amitiés, et parfois, comme pour le tournage du coup de poing, on n’a pas vraiment le cœur à de tels gestes. Pour Johan, la giffle est d’ailleurs plus un geste de lâcheté de la part de son personnage, qui n’a pas vraiment écouté sa petite amie, dans le vestiaire. Après avoir été orienté vers une formation de chaudronnerie en classe de troisième, le jeune acteur ne regrette pas d’avoir passé des castings, lors desquels on ne lui proposait que des rôles clichés, tels que voleurs de voitures ou de scooters. Douches froides est pour lui une évolution certaine dans sa jeune carrière, que l’on lui souhaite longue et riche.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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