INTERVIEW
CORPS IMPATIENTS (LES)
Xavier Giannoli est le réalisateur du film » Les corps impatients » dans lequel Nicolas Duvauchelle joue, aux-côtés de Laura Smet, le personnage de Paul.
10.30, meeting room du Hilton, deux hommes, en jean baskets, font une arrivée timide. Saluts polis, sourires de circonstance… la séance …
Xavier Giannoli est le réalisateur du film " Les corps impatients " dans lequel Nicolas Duvauchelle joue, aux-côtés de Laura Smet, le personnage de Paul.
10.30, meeting room du Hilton, deux hommes, en jean baskets, font une arrivée timide. Saluts polis, sourires de circonstance… la séance photo terminée, l'entretien débute sur le roman homonyme duquel Giannoli s'est (librement) inspiré. L'évocation de ce sujet, qui a traversé la vie du réalisateur, relevait d'une nécessité interne pour lui, la lecture de ce roman, lui même autobiographique, lui en a offert l'occasion. Son implication dans l'histoire explique qu'il ait choisi d'interpréter librement le roman de Montella, en conservant la trame voire certains passages, supprimant d'autres ou encore les dénaturant. Certaines questions soulevées dans le roman ont été éludées comme par exemple le débat sur les parents ou celui sur Nicolas (est-il un salop ?). Giannoli explique cela par la différence de générations existant entre lui et l'écrivain. Aujourd'hui, l'exultation des corps est admise, " la liberté sexuelle est passée par là ".
Quand une similitude d'histoire avec " Breaking the waves " est évoquée, Giannoli répond simplement qu'il est possible de trouver des similitudes entre tous les mélodrames, ce qui est le propre du genre et de la vie bien que " Breaking the waves " soit radicalement différent de par la contexte dans lequel il prend place et du mysticisme inhérent à ce film, cette interrogation sur la sainteté qui est totalement absente des Corps impatients.
Le roman est très comportemental, les personnes s'y expriment sans pathos. Cette sorte de violence convenait à Giannoli qui l'a retranscrite dans son film (bien que Montella lui ai reproché le manque de violence du film). Il met ainsi en scène des personnages jeunes, impulsifs, révoltés qui à défaut de trouver les mots trouvent les gestes. Pour Giannoli, il était indispensable que les protagonistes gardent une part de mystère inhérente à la vie, qu'ils ne soient pas livrés au spectateur. Certainement du fait de cette part autobiographique, Giannoli transpose chaque scène qu'il évoque dans la vie : cette scène pourrait-elle se passer de la sorte dans la vie ? c'est la raison pour laquelle simplicité semble avoir été son mot d'ordre. Beaucoup de dialogues ont été coupés donnant plus de poids aux scènes jouées. Ce choix converge vers cette idée de base que, confrontés à cette situation qui leur échappe et ne trouvant ne pas les mots pour s'exprimer, ils trouvent les gestes.
Giannoli a introduite la scène du médecin : ce personnage tiers à la fois à Paul et au spectateur qui lui fait prendre conscience du danger d'assister Charlotte durant ses examens. Par cette mise en garde, cet homme, extérieur à la situation et au trio, sème le chaos dans l'esprit de jeune homme qui réalise alors que Charlotte lui échappe.
Pour Giannoli, le choix des comédiens s'est imposé de lui même. Pour jouer le rôle de Ninon, il voulait une femme dégageant de une sensualité maternelle voire nourricière. Marie Denarnaud dégageait cette sorte de féminité rassurante pour les hommes, cette volupté à travers laquelle le corps clame son insouciance quant à l'acte sexuel. Paul devait dégager à la fois une certaine maturité et un côté enfantin. Giannoli désirait que l'acteur qui interpréterait Paul soit totalement différent de lui afin qu'il s'approprie le personnage, qu'il le façonne. Nicolas a ainsi pu faire de Paul l'homme qu'il souhaitait qu'il soit, lui attribuant ses mots et gestes. Quant à Charlotte, elle devait trancher : elle devait dégager une certaine rigueur voire une certaine froideur. Physiquement, elle devait s'opposer à Ninon. Ce rôle fut un véritable enjeu de vie pour Laura Smet, une affirmation de son existence par rapport à sa famille.
Lorsque l'histoire d'amour entre les trois personnages est évoquée, tout devient plus confus. A chaque spectateur le soin d'interpréter les sentiments des uns par rapport aux autres. Tout se rattache à la possession de l'autre ou des autres. Durant la scène finale, les jeunes gens apparaissent sereins, réconciliés : ils ont accepté. Charlotte est sur le point de mourir, Ninon et Paul s'étreignent tendrement sur le canapé. A ce refus de la vie ou plutôt de la mort d'où ils puisaient leur énergie succède une sorte de sérénité.
Giannoli évoque l'âge des personnages : le fait qu'ils soient jeunes n'était pas une obligation bien que selon lui, les réactions sont plus violentes à 20 ans. Le principal obstacle au fait de situer l'histoire entre personnes plus âgées était l'histoire d'amour que le réalisateur craignait de voir devenir obscène. Ce qui semble pur à 20 ans l'est moins à 40. Et l'obscène n'avait pas sa place au centre de cette histoire d'amour. Il y a autant d'amours qu'il y a d'amoureux. Il est ainsi assez difficile d'analyser clairement les sentiments des uns pour les autres. Les émotions sont confuses, tout juste perceptibles comme le trouble homosexuel que semble ressentir Charlotte confrontée à sa féminité désorganisée face à Ninon. De cette confusion des sentiments ne ressort que l'amour : l'amour de Ninon pour Charlotte dont on ne sait s'il est maternel ou non, l'amour de Paul pour Charlotte dont la sincérité ne fait aucun doute…
Confrontée à cette multitude de possible, seul l'amour de Paul et de Ninon n'est pas évident. A cette question, Giannoli n'a pas répondu car à vrai dire il n'y a pas véritablement de réponse. Cesser de mettre des mot sur ce que l'on ressent : il y a des choses que l'on comprend parfaitement sans pouvoir les expliquer. C'est cela le film de Giannoli, une histoire d'amour vrai dans laquelle s'imbriquent les différents amours possibles. Xavier Giannoli réalisera prochainement " A cause de la nuit " avec Charlotte Gainsbourg.
Nicolas est actuellement à l'affiche de " Snowboarder ". Visiblement, il est accablé juste à l'évocation du titre. Bien que Giannoli lui conseille de ne rien regretter, Duvauchelle ne semble pas enchanté par cette prestation. Son rôle dans " les corps impatients " sonne comme une revanche sur ce film. Nicolas évoque le plaisir qu'il a pris à faire ce film. Il sera bientôt à l'affiche du prochain film de J-P Ameris.
Cela n' a rien à voir. Le cinéma et la télé n'ont pas du tout la même façon de travailler. La télé peut tourner 15 minutes et ça se voit. Tous les films sur Napoléon sont pour moi pas très sérieux. Le meilleur pour moi est Napoléon avec Albert Dieudonné. Ceux qui suivent ne sont pas très sérieux, un peu " d'opérette ". Monsieur N. n'est pas un film sur Napoléon. Mais comment quelqu'un qui a tout eu avec une telle notoriété a t'il pu être isolé et savoir que c'était la fin. On se dit que cet homme là a bien du trouver quelque chose.
Anthony REVOIR Envoyer un message au rédacteur