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"Toruk", ou le cirque du soleil aux origines d’ "Avatar"
Du 20 au 24 février dernier, le Cirque du soleil a pris ses quartiers à la Halle Tony Garnier à Lyon, pour 6 représentations d’un spectacle hors normes, alliant acrobaties, numéros aériens, costumes et décors dantesques et effets de lumière impressionnant, pour une histoire relatant le premier dressage d’un Toruk, animal légendaire issu de l’imagination de James Cameron, et figurant dans son film au succès mondial : "Avatar". Le spectacle, intitulé "Toruk, le premier envol", pourra être vu prochainement à Paris, l’Accorhotels Arena pendant 11 jours, du 4 au 14 avril (réservations sur www.cirquedusoleil.com/toruk)).
Nous avons eu la chance, non seulement d’assister à la représentation du jeudi soir, mais aussi de pouvoir visiter les coulisses le jour de la première française, et interviewer quelques personnes clés du spectacle, acrobates, contorsionnistes, chanteuse et costumière. Petit retour sur ce spectacle hors normes, histoires de vous donner envie de découvrir les multiples décors de la planète Pandora.
Un projet partenarial de longue date
Le montage du spectacle s’est fait en collaboration avec James Carmeron, ce dernier ayant validé à la fois les décors (des projections sur toiles et sur des reliefs gris, prenant alors mille couleurs selon les endroits traversés : une jungle, des montagnes flottant dans les airs, un volcan, un arbre-maison…), les créatures et les costumes, tout comme cette histoire qui se déroule trois milles ans avant l’arrivée des humains dans le film "Avatar". Sur une scène de 49m par 26 m, on trouve l’arbre maison de plus de 12m de haut, chaque paysage étant ensuite projeté sur le sol et les parois, donnant ainsi une épaisseur à chaque lieu.
Après 5 ans de pré-création et 3 mois de répétition avec les artistes, la première du spectacle a eu lieu en décembre 2015 à Montéral. Et le spectacle tourne donc depuis 3 ans au travers le monde, faisant pour la première fois escale en France, qui est le 18ème pays (alors que Lyon fut la 90ème ville).
Des moyens impressionnants
Spectacle d’Arena, en opposition aux spectacles de chapiteaux, "Toruk, le premier envol" atteint des proportions hors normes. Il nécessite du matériel transporté par 34 camions (ou 4 avions 747 selon), dont 40 projecteurs et de nombreux cerfs volants d’intérieurs, forcément compliqués à manœuvrer. La troupe, elle, regroupe 112 personnes, dont 43 artistes, qui jouent pour la plupart plusieurs rôles.
Des créatures nouvelles, qui pour certaines se retrouveront dans les prochains épisodes d’"Avatar" au cinéma (rappelons que James Cameron travaille depuis plusieurs années sur trois suites : "Avatar" 2, 3 et 4), sont également visibles ici. Manipulées souvent par plusieurs marionnettistes (vêtus de noir), ils impressionnent par leur ampleur (les équidius, les austrapèdes, le toruk…) ou par leur souplesse de mouvement (les loups-vipères aux yeux luminescents, dont nous avons pu avoir une démonstration du maniement).
Côté costumes, les acteurs disposent de 115 costumes, répartis entre les différentes tribus, avec au total près de 1000 éléments, du type parures de tête, colliers… qui peuvent venir les compléter. Les plus impressionnants et majestueux sont sans doute ceux en forme de « fleurs de Tawkami, dont les volutes marqueront sans doute la plupart des spectateurs. La costumière de tournée, issue de l’ENSASE de Lyon, avoue devoir cumuler divers métiers, se retrouvant à jouer à la fois les couturière, cordonnière, et habilleuse sur le spectacle, en gérant l’ « espace de changement rapide », aidée par deux assistantes dans les coulisses.
Un entraînement intense et de longues préparations
Jordan, acrobate de parcours, originaire de Lille, nous a fait quelques démonstrations, tout comme Vincent, de Lyon, heureux de pouvoir retrouver chaque soir dans le public des amis ou des membres de sa famille, ou encore Priscilla, originaire d’Orange, qui joue la Chamane et pousse donc la chansonnette à certains moments du récit. Tous trois avouent que pour faire partie d’une troupe comme celle-ci, il faut aimer une forme de vie « nomade ».
Faire partie du spectacle "Toruk" demande à chacun une rigueur d’athlète et des talents de danseur ou comédien. Pour Vincent, il aura fallu près de 8 mois pour apprendre à manier les grands kytes. Jordan, qui joue l’un des personnages principaux, est lui sur le spectacle depuis 4 ans, se servant de son expérience de « parcours ». Acrobaties, sauts, numéros de drapés, cela exige la présence sur la tournée de deux thérapeutes, qui suivent les interprètes.
Chaque acteur ou actrice fait lui-même son maquillage, ce qui peut prendre entre 45 minutes et 1h30 selon les tribus incarnées. En plus d’apprendre un texte en Na’Vi, chacun a également suivi un workshop avec une actrice d’ "Avatar", afin d’apprendre à bouger comme un membre de ces peuplades, tous ayant une queue qui ne facilite pas le mouvement.
Une immersion réussie
Tout est donc fait pour rendre l’expérience la plus immersive possible pour le spectateur, d’une perception des costumes plus ou moins lointaine (certains personnagess’immiscent dans les allées de la salle…), à des décors dont le changement provoque à chaque fois la surprise, en passant par une appli pour smart-phone sensée faire participer le spectateur (la seule déception pour les spectateurs qui ne sont pas situés à proximité de la scène).
Si la narration manque parfois de dynamisme, les acrobates viennent emplir l’espace immense scénographique immense, singeant l’affrontement avec d’étranges créatures, mimant la rivalité, et donnant indéniablement l’envie de visiter à nouveau ces lieux, et pourquoi pas, d’apercevoir au dessus, l’impressionnant vol du Toruk.