DOSSIERTest Vidéo (DVD/Blu-ray/4K)

Test DVD - LOS HONGOS

Date de sortie : 26 juillet 2016

Calvin et Ras sont deux jeunes Colombiens de Cali, cherchant à s’épanouir malgré une société qui ne les enthousiasme guère. Ils cherchent notamment refuge dans des activités alternatives comme le graffiti...

Test DVD

Saluons d’abord le bel objet, cartonné, qui rend justice au street art colombien qu’aborde le film "Los Hongos". Son contenu, en-dehors du film dont la magnifique image est respectée, se résume à un bonus unique. Or, ce DVD démontre de façon grandiose que le choix d’un bonus de qualité vaut bien mieux que pléthore de pseudo-bonus fades !

Ce supplément, donc, c’est "Calidoscope" (au titre déjà fabuleux dans ce néologisme-valise), un documentaire réalisé par Nicolas Azalbert, critique des "Cahiers du cinéma". Au lieu de verser dans l’habituel making-of ou dans la traditionnelle interview, Azalbert propose d’aborder le film autrement en venant à la rencontre du réalisateur, Oscar Ruíz Navia, directement à Cali et deux ans environ après le tournage de "Los Hongos". Sous-titré "Sur les traces des Hongos", ce documentaire-rencontre de 46 minutes permet au spectateur de découvrir notamment certains lieux (dont l’université où Ruíz Navia a lui-même étudié) et protagonistes du film, en se laissant guider par le réalisateur colombien comme si l’on assistait à une visite guidée virtuelle de Cali, axée évidemment sur les thématiques cinématographiques et artistiques (donc dépassant le cadre de "Los Hongos") mais aussi sociales, politiques et historiques.

Ce parcours permet alors d’inscrire "Los Hongos" dans un cadre socio-culturo-géographique bien plus large, et donne l’occasion au spectateur de cerner la place de ce film dans l’histoire du cinéma colombien, et plus particulièrement dans le cinéma de Cali, en rupture avec le cinéma de Bogota qui a fini par se scléroser sous l’influence de la télévision. On comprend alors que "Los Hongos" et "Calidoscope" sont tous deux de véritables déclarations d’amour à la ville de Cali en même temps que des hymnes à la créativité.

Parfois déroutant dans sa forme (aucun sous-titre pour identifier les personnes interrogées, et une construction cataphorique dans la façon d’illustrer un thème avant de l’aborder), le film de Nicolas Azalbert permet aussi de faire plus ample connaissance avec certains interprètes. On apprend ainsi qu’Oscar Ruíz Navia a fait jouer son propre père (qui, lorsqu’il se met à chanter, donne l’impression de jouer son propre rôle d’acteur-chanteur ringard dans "Los Hongos" !) et sa propre tante (l’attachante vieille dame du film, qui fait preuve d’une simplicité et d’une ouverture d’esprit qui font plaisir à voir !). On y croise aussi l’un des acteurs principaux, qui est en fait peintre et n’a aucune volonté de continuer dans le cinéma, et la jeune actrice qui est filmée via une conversation Skype puisqu’elle vit à Paris et essaie d’y faire carrière.

Nicolas Azalbert réussit ainsi à faire un documentaire cohérent avec "Los Hongos" : un mélange d’originalité et de simplicité, doté d'une véritable empathie pour les personnages et les lieux, et d'un optimisme face à des situations qui ne sont pas forcément roses (comme les difficultés de financement du cinéma colombien, la pauvreté de certains quartiers où le film a été tourné, ou la période de domination politique d’Alvaro Uribe qu’Oscar Ruíz Navia qualifie de « dictature médiatique »). Quelques analyses (de la fresque, du style du film, de la scène où est subtilement abordée la surmédiatisation d’Uribe…) enrichissent régulièrement ce beau documentaire, même si l’on peut parfois regretter le manque d’explications sur d’autres points (par exemple, le titre de "Los Hongos" n’est jamais abordé).