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Quels films regarder… la nuit d’Halloween ?... LE RETOUR !

En 2013, nous avions suggéré neuf films à voir à l’occasion d’Halloween. Dix ans plus tard, nous sommes de retour avec d’autres idées pour agrémenter votre soirée du 31 octobre. Du vraiment flippant au très drôle, voici donc douze autres films à (re)découvrir pour frissonner et/ou s’amuser.

FRANKENSTEIN (James Whale, 1931)

Pour un Halloween cinéphile à la découverte des classiques, un petit tour du côté des « Universal Monsters » s’avère indispensable. Parmi ces films produits par Universal Pictures, on a opté pour le "Frankenstein" réalisé par James Whale en 1931 (on recommandera aussi son autre film culte, "L’Homme invisible", en 1933). Plusieurs aspects de ce film se sont imposés dans l’imaginaire collectif comme des marqueurs indissociables de Frankenstein alors qu’ils ne sont pas tirés du roman originel de Mary Shelley (1818), ni même dans l’adaptation théâtrale de Peggy Webling (1927) dont le scénario du film s’inspire. C’est en effet dans ce long métrage qu’est créé un assistant bossu pour le professeur Frankenstein (nommé ici Fritz avant que ne s’impose plus tard le prénom Igor), et surtout c’est avec le physique de Boris Karloff et les maquillages de Jack Pierce que s’ancre l’apparence désormais stéréotypée de la créature. Si la réalisation et l’interprétation peuvent désormais paraître ampoulées et le scénario un peu naïf, plusieurs séquences de ce "Frankenstein" conservent toute leur puissance, dont la célèbre réplique « it’s alive ! » (elle aussi absente du roman !) ou la rencontre tragique avec la petite Maria.

Raphaël Jullien

LES REVENANTS SOLITAIRES (Burt Gillett, 1937)

Si vous avez envie d’un petit moment familial pour partager Halloween avec les plus petits, les 9 minutes de ce court métrage Disney sont idéales. Mickey, Donald et Dingo (qui forment un trio depuis "Les Joyeux Mécaniciens" en 1935) constituent ici une équipe de chasseurs de spectres appelée « Ajax », digne d’un "SOS Fantômes" avant l’heure. Appelés volontairement par un quatuor de fantômes qui s’ennuient dans le manoir abandonné qu’ils hantent, les trois célèbres personnages accumulent les embuches qui s’enchaînent à grande vitesse, avec l’usage traditionnel d’une musique expressive qui contribue à souligner la légèreté comique des situations. Historique en tant que première utilisation de la technique dite de « peinture transparente » pour représenter les fantômes, "Les Revenants solitaires" ("Lonesome Ghosts" en VO) est aussi l’un des dessins animés les plus marquants concernant Dingo. On appréciera notamment la scène de miroir qui reprend un gag de mimétisme récurrent dans le cinéma burlesque, précédemment mis en scène dans "Charlot chef de rayon" (1916), dans "Sept Ans de malheur" avec Max Linder (1921) et dans "La Soupe au canard" des Marx Brothers (1933), et parodié plus tard dans "La Panthère rose" de Blake Edwards (1963).

Raphaël Jullien

LES GRIFFES DE LA NUIT (Wes Craven, 1984)

C’est sans doute le déguisement d’Halloween que vous avez le plus vu de votre vie. Si je vous dis : t-shirt rouge et vert lacéré, vieux chapeau et mitaines avec lames de rasoirs spéciales éventrement, vous l’avez ? Eh oui, c’est notre bon vieux Freddy Krueger dans "Les Griffes de la nuit". Et quoi de mieux pour la nuit d’Halloween que se balader à Elm Street avec une bande d’ados littéralement aux griffes d’un tueur en série ? Car Wes Craven nous a livré un petit bijou indémodable qui contient tous les ingrédients nécessaires pour passer une bonne soirée d’horreur : des meurtres sanglants et inventifs à la limite de l’onirisme, aucune échappatoire possible pour les protagonistes, et un petit goût de reviens-y (car même si les suites ne sont pas réalisés par Craven, ​​Robert Englund, avec ses capacités horrifiques, mérite à lui tout seul qu’on continue le chemin). L’autrice de ces lignes vous souhaite une bonne nuit avec Freddy, si vous l’osez…

Océane Cachat

GREMLINS (Joe Dante, 1984)

Le propre de la soirée d'Halloween étant de s'amuser à se faire peur, autant aussi s'ouvrir à des films qui jouent avec nos nerfs tout en tournant en dérision les créatures supposées effrayantes elles-mêmes. Parmi ceux-ci, figure un film culte dont l'action se déroule certes à Noël, mais qui regorge de créatures bêtes et méchantes, créées par accident, alors qu'un jeune homme aura renversé de l'eau sur son mogwaï, une gentille créature potelée aux grandes oreilles. Sur le principe de l'invasion incontrôlée, c'est la transformation des mogwaïs en gremlins machiavéliques (pour cause de nourriture ingurgitée après minuit), qui fait la saveur de ce petit conte irrévérencieux et horrifique. Les petits chanteurs de Noël, les vieilles dames acariâtres en monte-escalier, les garagistes râleurs et racistes, les contes à la Blanche-Neige, les bonnes manières, en prennent pour leur grade, et on ne se lasse pas de visionner ce film ainsi que sa suite (1990), encore plus parodique. Et toujours, on ne le répétera jamais assez : attention aux effets du micro-onde ou du robot mixeur !

Olivier Bachelard

BEETLEJUICE (Tim Burton, 1988)

Plusieurs films de Tim Burton conviennent parfaitement pour Halloween (par exemple "Sleepy Hollow", "Les Noces funèbres" ou "Frankenweenie"), mais "Beetlejuice" est sans doute le choix le plus évident. Quoi de mieux, en effet, qu’une maison hantée, des personnages baroques et un humour déjanté ? Alors que le principe d’Halloween est de s’amuser à (se) faire peur, les protagonistes de "Beetlejuice" évoluent constamment aux abords de cette frontière poreuse entre rire et effroi. Le film lui-même fait ainsi coexister un univers glauque voire trash (le personnage-titre, incarné par l’inénarrable Michael Keaton, en est grandement responsable) et, inversement, une atmosphère enfantine (par exemple à travers une esthétique qui est, en partie, volontairement carton-pâte). Mètre-étalon du style gothique de Tim Burton, "Beetlejuice" reste un must qui a le pouvoir de mettre tout le monde d’accord s’il s’agit de réunir plusieurs générations devant l’écran (on évitera quand même avant 9-10 ans).

Raphaël Jullien

LE PROJET BLAIR WITCH (Daniel Myrick et Eduardo Sánchez, 1999)

Quand on me pose la question des films qui me font le plus peur, je réponds que : 1, je n’aime pas les films d’horreur, ils me mettent mal à l’aise et que donc 2, non, je n’en connais pas. Mais en y réfléchissant, "Le Projet Blair Witch" est le film qui m’a fait le plus peur. Absolument pas en le regardant mais à la dernière seconde et pendant tout le générique de fin. Complètement paralysée, hypnotisée par ces noms qui défilent, je me repassais en boucle ces ultimes secondes. Moi qui, pendant tout le film, m’étais dit : « vraiment, je ne comprends pas le succès de ce film ». Pas cool : j’étais, en plus, toute seule devant mon écran. Non seulement ce film m’a mise mal à l’aise et m’a fait super peur, mais il m’a même poussée à le regarder tout de suite après pour mettre le doigt sur ce qui me faisait peur, refusant d’admettre que c’était « juste » la fin. Bravo à l’équipe du film pour avoir eu un tel succès avec un si petit budget et avec un des meilleurs retours sur investissement !

Laëtitia Langue

DOG SOLDIERS (Neil Marshall, 2002)

Dans la longue liste de films mettant en scène des loups-garous, peu ont su s'imposer comme de vrais bons films de monstres. Hormis quelques classiques ("Hurlements", "Le Loup-garou de Londres", "Wolfman"), on a plus eu l'habitude de se retrouver face à des productions fauchées vite orientées action bas du front. Mais en 2002, quelques années avant le choc "The Descent", Neil Marshall nous livre avec "Dog Soldiers", un vrai bon film de série B avec sa troupe de militaires anglais en entrainement, tous aussi attachants et drôles les uns que les autres. Le métrage se pare également de costumes et d'effets tout simplement splendides (encore aujourd'hui) pour donner vie aux créatures et le rendu n'en est que plus terrifiant, aidé par une gestion de la lumière à la limite de l'expressionisme. Avec des répliques bien senties, un humour noir très présent et un twist plutôt malin sur la dernière partie, "Dog Soldiers" s'est alors imposé comme un petit classique au fil des années et rien de mieux qu'une soirée d'Halloween pour (re)découvrir ce petit bijou d'efficacité. Entre copains et avec une bonne pinte, c'est le plaisir régressif assuré !

Germain Brévot

LE VILLAGE (M. Night Shyamalan, 2004)

Avec ce qui paraissait au départ être un film de secte, le prodige M. Night Shyamalan a réussi l’un de ses meilleurs films, plus politique que bien d’autres. En effet, alors que les jeunes gens d’une communauté vivant de manière isolée dans une clairière se doivent de respecter l’interdiction de s’aventurer en forêt, ce film de monstre cache derrière son monumental twist une parabole sur l’isolationnisme américain et le contrôle des masses. On se régale à découvrir ces lieux inquiétants, d’une lugubre beauté, ses règles oppressantes, ses personnages à double facette (Bryce Dallas Howard y était alors une découverte). Un film qui, comme l’excellent "Sixième Sens", du même auteur, ne se regarde plus de la même manière une fois son secret dévoilé, mais dont la seconde vision permet de découvrir toute l’habilité du metteur en scène et sa capacité à nous envoyer sur des fausses pistes.

Olivier Bachelard

THE DESCENT (Neil Marshall, 2005)

Si l’horreur claustrophobique vous intéresse, ou si vous n'avez jamais expérimenté de films du genre, "The Descent" reste la référence. Piégées dans des galeries pendant une expédition de spéléologie, des amies se rendent peu à peu compte qu’elles ne sont pas seules dans ces cavernes. Avec un scénario original, un casting exclusivement féminin aux personnages soignés et un final marquant, si "The Descent" n’est pas le film le plus effrayant qu’il vous sera donné de voir, c’est sans nul doute l’un de ceux qui vous marqueront le plus et pour toute une vie.

Nicolas Ribault

DANS LE NOIR (David F. Sandberg, 2016)

Après son excellent court métrage "Lights Out" (2013), David F. Sandberg adapte son concept au format long avec "Dans le noir". Le principe horrifique est simple : une créature surnaturelle et meurtrière est tapie dans l’obscurité et ne peut vous atteindre que dans le noir. C’est alors la crainte qu’une ampoule ne grille, qu’une personne n’éteigne une pièce, qu’une bougie ne vienne à court de cire, car dans le noir, personne ne vous verra mourir. Ce très bon concept, soigneusement mis en scène, éclipse un scénario certes assez convenu. Il en reste qu’en sortie de visionnage, on hésite à éteindre les lumières avant d’aller dormir.

Nicolas Ribault

MAD GOD (Phil Tippett, 2021)

Histoire qu’une soirée ciné-DVD d’Halloween ne se résume pas à un bête étalage de tout ce qui se fait de moins subtil depuis des années (en gros, des jump-scares et des épanchements gores de plus en plus dignes d’une attraction de fête foraine), autant chercher son bonheur du côté des propositions de cinéma qui suscitent terreur et surprise face à tout ce qui relève de la monstruosité. Et en la matière, le délire culte en stop-motion de Phil Tippett fera parfaitement l’affaire. Inutile d’attendre quoi que ce soit du scénario de "Mad God", en l’état si inracontable que l’on se sent démuni à l’idée de le décrire. Signalons juste qu’on y voit un énigmatique assassin plonger dans les profondeurs d’une ville en ruines à l’aide d’une lourde cloche de plongée et y découvrir un monde infernal, labyrinthique, où d’horribles créatures mutantes s’empressent de le capturer et de le soumettre à un authentique calvaire mental. N’allons pas plus loin, la suite est si délestée de tout repère (narratif, thématique, logique) qu’il convient à chaque spectateur d’écrire lui-même le mode d’emploi au travers de ses peurs et de son bagage culturel. Surchargé en références cinéphiles (de "Planète interdite" à "The Tree of Life" en passant par "2001, l’Odyssée de l’espace"), ce délire steampunk en mode hardcore se fait surtout hommage viscéral à un cinéma d’horreur peu avare en matières gluantes. L’art du stop-motion pratiqué par Tippett y atteint un degré de perfection expérimentale que peu de cinéastes (voire aucun) ont su toucher du doigt, chaque scène ne cessant d’exhiber une virtuosité technique folle et de cultiver un art de l’ascension sensorielle qui nous fait décoller du fauteuil. Stimuler et halluciner sont ici les verbes principaux appliqués à un spectateur qui s’embarque moins dans un film narratif que dans un pur trip métaphysique, quelque part entre le sublime et l’ignominie. En somme, un cauchemar grandeur nature avec assez de visions horrifiques pour assurer de délicieuses nuits blanches. Et vous n’avez jamais rien vu de pareil.

Guillaume Gas

THE SADNESS (Rob Jabbaz, 2021)

La réputation de "The Sadness" s’est construite lors de sa tournée dans différents festivals dont Gérardmer : irrévérencieux, insoutenable, malsain. L'impact a été tel que le film s'est entouré d'une aura bien particulière le rendant dangereux même pour les amateurs de films d'horreur. Avec ses infectés qui, précisons-le, ne sont pas des zombies mais qui développent une rage et une violence extrême envers leurs voisins, le film frappe fort, bien aidé par un travail sur les prothèses et les effusions de sang qui ne peut qu’être salué. Personne n'en sortira indemne et le message sociétal du film, qui confine au nihilisme pur, ne fait que de renforcer cette sensation qu'on a affaire à un long métrage bien spécial, produit lors de la pandémie de Covid, qui résonne en nous à de multiples niveaux. Chaudement recommandé pour tester les limites de vos invités lors d'un ciné-club spécial Halloween. Comme les infectés, vous verserez aussi votre petite larme.

Germain Brévot

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