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PARCOURS : Jane Campion, des héroïnes sensibles et éclectiques

D'un point de vue purement historique, Jane Campion est de tous les podiums : deuxième femme réalisatrice de l'histoire à avoir été nommée aux Oscar (1993), première réalisatrice à présider le Festival de Cannes (2014)… Mais son titre le plus prestigieux est surtout d'avoir été la première femme à remporter une Palme d'or en 1993 avec "La Leçon de piano" (ex æquo avec "Adieu ma concubine" de Chen Kaige). Il aura fallu attendre juillet 2021, soit 28 ans plus tard, pour qu'une autre femme, Julia Ducournau, accède à la même consécration avec "Titane".

« On se projette mieux sur des personnages qui nous ressemble, c'est donc tout naturellement que la plupart de mes films parlent d'un destin de femme »

Née en 1954 en Nouvelle-Zélande, Jane Campion est une cinéaste laissant la part belle à des héroïnes. Toutes tentent de faire un pas de côté sur le chemin qu'on avait tracé pour elles. À l'instar du prologue de "Portrait de femme", foisonnante galerie de portraits de femmes d'aujourd'hui et d'hier, la filmographie de la réalisatrice multiplie les personnages féminins singuliers.

Qu'elle soit extravertie, féline et destructrice comme "Sweetie", en quête de spiritualité ("Holy Smoke") ; libre et entreprenante ("Portrait de femme"), romantique effrontée ("Bright Star"), séduite par la part sombre de son désir ("In the Cut"), ou femme sacrifiée qui s'éveille à une fiévreuse sensualité (dans le tragique et vibrant "La Leçon de piano"), les personnages féminins de Jane Campion ne sont jamais défaitistes, elles se mettent en danger pour pouvoir vivre leur vie comme elles l'entendent.

« "La Leçon de piano" est le premier film que j'ai vu [...] et il m'a donné envie d'écrire des rôles pour des femmes, des femmes magnifiques avec un esprit, une volonté et une force extraordinaire. Pas des victimes, pas des objets. » (Xavier Dolan, lors de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes 2014)

Dans un style sensuel profondément tactile, les films de Jane Campion dévoilent le corps des femmes à l'égal de celui des hommes, sans en faire de simples objets sexuels. Magnifiée par une photographie constamment créative, son œuvre inspire à la contemplation et à la poésie brute de l'âme humaine.

De toutes les récompenses qu'elle a reçu pendant sa carrière, Jane Campion peut à présent y ajouter une nouvelle : le Prix Lumière 2021. Climax du Festival éponyme où sera présenté en avant-première son tout nouveau film "Le Pouvoir du chien" (pour lequel elle vient aussi d’obtenir le Lion d'argent de la meilleure réalisation à la Mostra de Venise). Un somptueux western qui aborde, une fois n'est pas coutume, une réflexion sur la masculinité.

Filmographie (longs métrages) :

1989 : Sweetie
1990 : Un ange à ma table (An Angel at My Table)
1993 : La Leçon de piano (The Piano)
1996 : Portrait de femme (The Portrait of a Lady)
1999 : Holy Smoke
2003 : In the Cut
2006 : 8 (film collectif) – segment The Water Diary
2007 : Chacun son cinéma (film collectif) – segment The Lady Bug
2009 : Bright Star
2021 : Le Pouvoir du chien (The Power of the Dog)

Gaëlle Bouché Envoyer un message au rédacteur

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