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MUSIQUE ET CINÉMA : Radiohead

Radiohead est incontestablement l'un des groupes les plus populaires de ces deux dernières décennies. Mais plus que d'avoir gravé dans le marbre des tubes immortels ("No Surprises", "Creep", "Karma Police", "Exit Music"...), le groupe britannique a eu aussi le mérite de toujours faire évoluer son style, passant par plusieurs mouvances (pop, rock, électro...) et puisant son inspiration dans des patrimoines plus anciens (jazz et classique). Ainsi, par la qualité et la grande variété de ses productions, on comprend que les chansons du groupe aient pu séduire et inspirer nombre de cinéastes.


Qu'elle tienne un rôle important ou qu'elle fasse office de figurante, voici quelques apparitions de la musique de Radiohead au cinéma. Nous ne nous attarderons pas sur les films qui font entendre Radiohead « juste » pour leur générique de fin, comme 'Twilight' ou 'Roméo+Juliette'. Par ailleurs, nous nous focaliserons sur le groupe Radiohead et non sur des compositions individuelles de ses membres, comme Jonny Greenwood, auteur de la superbe bande originale du film 'There Will Be Blood'.

Incendies, de Denis Villeneuve (2011)

Scène d'ouverture du film. Dans un lieu et un temps encore indéterminé, des enfants se font raser la tête sous l'œil attentif d'hommes armés. Commence alors la chanson "You and Whose Army ?" L'un des enfants, on le comprend, aura un rôle-clé dans l'histoire à venir. Un long regard-caméra presque insoutenable termine cette première scène aussi puissante qu'énigmatique.
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The Social Network, de David Fincher (2010)

Ce film ne devrait pas figurer dans cet article puisqu'aucune chanson de Radiohead n'y figure. Cependant, le premier contact qu'eurent les cinéphiles du monde entier avec ce film fut une bande-annonce plus qu'alléchante faisant entendre une reprise de "Creep" par Scala, chorale féminine belge.
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Caos calmo, d'Antonello Grimaldi (2008)

Après la mort de sa femme, Pietro (Nanni Moretti) ne montre pas le moindre signe d'émotion. Il s'enferme dans un « chaos calme » que ses proches ne comprennent pas. Après avoir assisté à une conférence sur la communication entre parents et enfants endeuillés, il se rend compte qu'il ne comprend pas lui-même l'état dans lequel il se trouve. Pourquoi ne souffre-t-il pas? Il erre alors en voiture dans les rues, la nuit, avec pour seule compagnie l'hypnotique "Pyramid Song". Il s'arrête à une fontaine, se rafraîchit le visage pour se rafraîchir les idées, mais en vain. L'absence de souffrance se substitue alors à une autre souffrance, tout aussi virulente, celle de ne pas comprendre.
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A Scanner Darkly, de Richard Linklater (2006)

C'est dans l'univers déjanté d'une société esclave de la mystérieuse substance D que plusieurs chansons de Radiohead accompagnent les pérégrinations d'une bande de drogués, aussi accros que profondément givrés. On suit donc Keanu Reeves, Robert Downey Jr et Woody Harrelson débattre de tout et de rien (mais surtout de rien) avec en toile de fond les titres "Fog", "Skttbrain (Four Tet remix)" et "The Amazing Sounds of Orgy".
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Les Fils de l'homme, d'Alfonso Cuarón (2006)

Pour accompagner Clive Owen et Michael Caine en mode grunge, blaguant sur la fin du monde en fumant des joints à la fraise, la trompette du jazzman Humphrey Lyttelton vient colorer la chanson de Radiohead "Life in a Glass House" et donner à la scène une ambiance feutrée et détendue avant les cataclysmes qui suivront...
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Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, d'Yvan Attal (2004)

Charlotte Gainsbourg flâne au Virgin et s'accorde un moment de détente à la borne d'écoute. Et qui vient prendre le casque à côté d'elle? Johnny Depp en personne. Commence alors un jeu de regards fuyants, de sourires en coin, de désirs naissants, avec "Creep" en tapis sonore. Plus tard, dans l'appartement désormais vide qu'elle fait visiter, Gabrielle retrouve par terre un petit soldat de plomb, faisant resurgir un passé heureux mais révolu, nostalgie teintée de douleur subtilement suggérée par la reprise piano de "Paranoid Android" par Brad Meldhau. Dans une autre scène, les parents de Vincent (Yvan Attal), incarnés par Claude Berri et Anouk Aimée, dînent dans un restaurant chic. C'est la mélancolique "No Surprises" qui va illustrer ici l'ennui et la solitude du couple. Enfin, c'est sous la chanson "Nice Dream" que Vincent tente péniblement de répondre aux incessantes questions de son fils de 10 ans. Et plus les questions sont innocentes, plus les réponses deviennent absurdes.
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L'Auberge espagnole, de Cédric Klapisch (2002)

Deux fois nous entendrons ce qui est peut-être la chanson la plus connue de Radiohead, "No Surprises", d'ailleurs en partie grâce à ce film. D'abord au début de l'histoire, quand Xavier (Romain Duris) vient d'être accepté dans l'auberge espagnole. Il s'installe dans sa chambre et met au mur une photo de lui et de sa copine restée en France (Audrey Tautou). Ensuite à la fin du film, quand Xavier termine son séjour Erasmus en Espagne. Il revoit son ex-copine une dernière fois avant d'errer dans les rues de Paris et de repenser avec nostalgie à son année passée à Barcelone.
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Vanilla Sky, de Cameron Crowe (2002)

Chanson hypnotique utilisée en ouverture du film, "Everything in its Right Place" reflète bien le contrôle que Tom Cruise pense avoir de sa vie au début de cette histoire. Mais dans ce remake du film d'Alejandro Amenábar "Ouvre les yeux", on ne sait plus où se situe la frontière entre rêve et réalité, et c'est autant le héros que le spectateur qui voit ses certitudes ébranlées. Une partie de la vérité (mais d'une vérité encore bien floue) émergera plus tard lorsque notre héros se retrouve dans un bar et qu'un inconnu l'accoste, pour lui faire une étrange révélation. C'est logiquement la chanson "I Might Be Wrong" qui vient accompagner la remise en cause de tout ce qu'il s'est passé jusqu'à présent.
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Cyclo, de Tran Anh Hung (1995)

Le film vietnamien vainqueur du Lion d'or à la Mostra de Venise en 1995, est l'un des premiers à faire entendre Radiohead sur grand écran. Le film dépeint le quotidien laborieux d'une famille qui tente par tous les moyens possibles de s'en sortir. Tandis que le frère bascule du côté de la délinquance, la grande sœur entre dans le monde non moins sordide de la prostitution. C'est dans une boîte de nuit, et sous la judicieusement choisie "Creep", que celle-ci se déhanche langoureusement sur la piste de danse, une paire de menottes au poignet, tandis qu'à quelques mètres, son proxénète la propose à un client potentiel. Sortie de son contexte, cette scène pourrait paraître étrange et sensuelle. Mais finalement, la triste réalité qui l'entoure rend cette scène fatalement tragique.

Rémi Geoffroy Envoyer un message au rédacteur

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