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Critique Série : THE SHIELD - SAISONS 1 et 2

Série créée par Ryan Shawn
Avec Michael Chiklis, Glenn Close, Benito Martinez, Walton Goggins…

Première diffusion en France : 2003 sur Jimmy
Format : 45 minutes en moyenne par épisode (13 épisodes par saison)
Site officiel : FX

Synopsis

Cette série nous dépeint la vie d’un commissariat du district de Farmington, le quartier le plus violent de Los Angeles, et notamment les agissements de la Strike Team, sorte de BAC à l’américaine commandée par un personnage aux motivations plus que douteuses, l’inspecteur Vic Mackay. "The Shield" (le bouclier) fait référence à l’insigne de la police ainsi qu’à l’esprit « tout le monde protège tout le monde » qui règne dans la « maison ».

Critique : Un concentré de violence et de vérité

Ayant découvert par hasard cette série un soir chez un ami, je suis aussitôt tombé sous le charme de ce mélange de violence, de ripoux, de real life, d’enquêtes tenant en haleine le spectateur pendant un voire deux épisodes, de rebondissements glaçants le sang, le tout sentant la poudre à plein nez. Il faut dire que le pilote à tout pour plaire. S’ouvrant sur une poursuite in media res et une arrestation musclée de la Strike Team, il prend ensuite le temps de poser clairement chaque personnage et les interactions que chacun entretient avec les autres. D’abord il y a le capitaine David Aceveda, dirigeant la brigade depuis quatre mois, qui semble arrivé là grâce au « quota » de latino exigé par le chef de la police, et qui ne rêve que d’une chose : Gagner la confiance des masses en faisant tomber un ripoux pour pouvoir devenir maire. Puis le duo d’enquêteurs Claudette Wyms et Dutch Wagenbach, l’une étant une noire dans la cinquantaine qui ne connaît que son boulot et ne vit qu’à travers lui, l’autre étant un jeune enquêteur connaissant sur le bout des doigts les méthodes du F.B.I, terriblement perspicace quoi que trop souvent loin des réalités de la rue et du métier (ce qui lui vaudra d’ailleurs de multiples railleries ainsi que quelques blagues déplacées de la part de ses collègues).

Ils se lancent dans une enquête sur la disparition d’une petite fille de 8 ans vendue par son père pour une dose de crack à un pédophile qui l’échangera avec un autre pédophile qui va l’enfermer dans sa cave et la violer à maintes reprises… Repassez si vous trouvez plus glauque ! Et puis il y a le Lieutenant instructeur Danny Sofer, femme dans la quarantaine chargée de former sur le terrain Julian Lowe, un jeune bleu droit dans ses pompes malgré une « pathologie » pour le moins étrange. En effet Julian est gay mais son ultra catholicisme et son métier l’empêche de s’accepter comme tel. Il pense donc être malade et s’enlise de plus en plus dans la dénégation. Et enfin il y a la Strike Team, composée de Wayne, un moustachu insipide mais pro de l’informatique, Curtis Lemansky dit Lemonhead ou Lem, un flic plutôt réglo arborant un éternel sourire goguenard, Shane Vendrell, chieur et aimant fourrer ses mains dans des affaires pas nettes, et enfin, LA star de la série, celui autour duquel tout ce petit monde gravite, Vic Mackay, sûrement un des flics les plus pourri de l’histoire de la télé.

Pourtant Vic est loin d’être mauvais dans son boulot. En effet il a vite compris que certaines « ententes » avec des dealers, des receleurs et des macs lui permettait un, de faire baisser la violence dans les rues (en effet si la police à son dealer attitré et coffre tous les autres il n’y a plus de guerres de gangs) et deux, de se remplir les poches aux passages (la protection de la police n’est en effet pas gratuite). Et le capitaine Aceveda sait tout ça. Sachant que seul un gros coup médiatique lui permettra de briguer le mandat de maire de Los Angeles, il est bien décidé à faire tomber Vic. Mais voilà celui-ci à des amis haut-placés qui ferment les yeux sur ses méthodes aux vues des résultats. Aceveda infiltre donc la Strike Team avec un de ses hommes, Terry, pour que celui-ci le renseigne sur les activités frauduleuses de Mackay. Mais Mackay est loin d’être stupide et au cours d’une arrestation musclée il en profite pour abattre Terry froidement d’une balle dans la tête. Rideau. Fin du premier épisode.

On ne peux que retenir son souffle à la fin de ce pilote palpitant, chargé d'adrénaline, rythmé par une musique aux accents latinos, rap ou encore métal symptomatique de ce quartier et de l’énergie dégagée autant par la police que par les délinquants, et enfin magnifiquement mise en scène dans un melting pot réussi de ce qui se fait de mieux en terme de cinéma d’action, de télé et de documentaire. La photo superbe et l’énergie dégagée par la caméra portée toujours en mouvement donnent un cachet plus que séduisant à la série. Cette vie de commissariat rappelle certes NYPD blues, mais remet aux goût du jour et sans demi mesure la vie des flics américains d’aujourd’hui. Violence, magouilles et sens du devoir se mêlent pour créer un cocktail détonnant, ravageur et jamais à court de surprises et de rebondissements. En effet au cours des deux saisons que j’ai pu voir, Vic va s’enliser de plus en plus dans ses embrouilles allant jusqu’à jeter son Shield à la fin de la première saison quand la situation devient invivable pour lui.

Décidément une des grandes surprises et des grandes réussites de cette dernière vague de séries télévisées que le phénomène "X-Files" a su tirer dans son sillage avec "Lost", "Desperate Housewives" ou encore "Battlefield Galactica". Pour les abonnés Canal, n’en perdez pas un seul épisode, pour les autres je ne saurai que vous conseiller les DVD disponibles actuellement. Une série coup de poing à voir et à revoir sans modération.

Cédric Jolivet Envoyer un message au rédacteur

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