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Critique Série : SALADE GRECQUE
Série créée par Cédric Klapisch
Réalisation : Cédric Klapisch, Lola Doillon, Antoine Garceau
Avec Aliocha Schneider, Megan Northam, Aggy K. Adams, Fotinì Peluso, Amir Baylly, Reham Alkassar, Davide Iachini, Anna Kameníková, Félix Vannoorenberghe, Romain Duris, Kelly Reilly, Cécile de France, Kevin Bishop…
Première diffusion en France : 2023 sur Prime Video
Durée d’un épisode : 47-54 minutes par épisode
Synopsis
À la mort de son grand-père, Tom découvre qu’il hérite d’un immeuble en Grèce avec sa sœur Mia, qui s’y trouve justement mais reste injoignable. Ayant besoin d’argent pour monter une start-up aux États-Unis, il se rend sur place pour retrouver sa sœur et expédier la vente au plus vite mais, une fois là-bas, les choses se compliquent, l’obligeant à se questionner éthiquement sur ses ambitions…
Critique : De l’auberge au squat : la modernisation d’une recette ?
Après le succès de "L'Auberge espagnole" et de sa trilogie ("Les Poupées russes", "Casse-tête chinois"), Cédric Klapisch fait le pari ambitieux d’entamer une suite autour des enfants de l’ancien protagoniste principal : Xavier Rousseau. Si l’on peut se demander pourquoi ne pas s’être arrêté avec les longs métrages, cette série n’en reste pas moins intéressante et pas déplaisante à regarder (même si elle met un peu du temps à démarrer).
Gardant la légèreté et la générosité des films, "Salade grecque" est une version plus militante, actuelle et engagée de "L'Auberge espagnole". Pour autant, même si par cette série, en partie réalisée par Cédric Klapisch, montre sa conscience des nouveaux enjeux sociétaux (les migrations, l’environnement, la transidentité…), rien de révolutionnaire dans cette série : le rythme et les personnages reprennent celui de la trilogie originelle et pour le reste, notamment sur l’opposition entre Tom et Mia, on retrouve de ses anciens films comme "Deux Moi" (costumes, jeu colorimétrique, montage et split screen). Ainsi, malgré une volonté d’actualiser son propos, beaucoup de personnages restent caricaturaux comme le montre la trajectoire de Noam, qui semble novatrice au départ mais retombe bien vite sur un déroulement déjà-vu ("Boys Don’t Cry" par exemple).
De plus, le spectre de "L'Auberge espagnole" est très, voire trop, présent à l’écran, tant par les acteurs que par les dialogues. On ressent une forte nostalgie des personnages mais ne dit-elle pas avant tout celle du réalisateur ? Le risque de cette série est de décevoir les amoureux de la trilogie originelle en la rendant plus politiquement correcte et consciente des enjeux des jeunes générations. L’écart entre les deux souligne à quel point chaque œuvre est teintée de son époque et ne parvient pas à une teinte intemporelle.
Néanmoins (et pour finir sur une note positive), le cinéma de Klapisch n’a pas mal vieilli. Au contraire, cette série permet de remettre au goût du jour l’atmosphère de "L'Auberge espagnole" dont les propos étaient dépassés, notamment sur la place de la femme et des minorités. De même, la construction de la série autour du lien fraternel (biologique) entre Tom et Mia vient s’ajouter à la famille qu’ils se construisent sur place et multiplie les visions. En bref, une série agréable à regarder mais qui n’est pas à voir absolument.
Rédacteur également membre du LYF