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Critique Série : REALITY Z

Série créée par Cláudio Torres, d’après la mini-série britannique "Dead Set" créée par Charlie Brooker
Avec Luellem de Castro, Ana Hartmann, Ravel Andrade, Guilherme Weber, Emílio de Mello, Pierre Baitelli, Julia Ianina, João Pedro Zappa, Sabrina Sato, Hanna Romanazzi, Natália Rosa, Carla Ribas …

Première diffusion en France : 2020 sur Netflix
Format : 40 minutes en moyenne par épisode (10 épisodes pour la saison 1)

Synopsis

Une épidémie se propage soudainement à partir de Rio de Janeiro, transformant tous les contaminés en zombies. Le studio de l’émission de télé-réalité "L’Olympe" ("Olimpo" en VO) semble devenir le meilleur refuge possible pour survivre dans ce contexte apocalyptique…

Critique : Big BroZer !

Avant de créer "Black Mirror" en 2011, Charlie Brooker avait écrit en 2008 une mini-série de zombies : "Dead Set". C’est ce scénario qui est adapté douze ans plus tard à la sauce brésilienne. "Reality Z" met donc en scène des personnages se protégeant d’une invasion de zombies dans un studio de télé-réalité de type "Big Brother". Sortie en pleine période de pandémie de Covid-19, la série a de quoi faire écho avec les mesures de confinement et avec la télé devenue l’une des seules fenêtres sur le monde extérieur, d’autant que l’on apprend après quelques épisodes que toute la planète se retrouve touchée par cette infestation de zombies et que personne ne semble avoir trouvée de meilleures solutions que la fuite et l’isolement.

Mais ce n’est pas tellement le parallèle épidémique qui rend "Reality Z" intéressant. Car cette série en dit plus sur l’état de déliquescence du Brésil contemporain en insistant sur toutes les tares d’une société montrée comme affreusement individualiste. D’une certaine façon, tous les clichés y passent : le politicien corrompu et manipulateur, le patron tyrannique et jusqu’au-boutiste, le flic macho et cocaïnomane, la bimbo écervelée et son pendant masculin sur-testostéroné, le type à la fois bouc émissaire et lâche, le baron de la drogue ultra-menaçant…

Sans atteindre l’excellent film "Bacurau", "Reality Z" est donc un miroir cruel de la société brésilienne, y compris dans ce qu’elle a de plus grotesque et impitoyable. La série ne fait pas toujours dans la dentelle mais c’est assumé : le kitsch et le mauvais goût y sont à la fois critiqués et célébrés (le principe d’une émission de télé-réalité fondée sur les dieux de l’Olympe donne lieu à quelques idées sympas) ; l’humour est parfois lourdingue, d’autres fois grinçant ; les ressorts du récit ne rejettent aucun excès (bien au contraire) ; l’esthétique gore est exploitée sans vergogne, quitte à verser dans la démesure. L’ensemble est loin d’être raffiné, notamment dans la mise en scène parfois bancale voire incohérente – le début, notamment, est plutôt maladroit, par exemple dans la ridicule exploitation d’un triangle amoureux très mal élaboré. Mais on est rapidement pris dans l’emballement de l’histoire, entre rire et effroi, un peu comme si l’on s’embarquait dans un manège à sensations.

Au final, peu de protagonistes attirent la sympathie et il est presque jouissif de les voir trépasser au fil des épisodes. D’ailleurs, autant vous prévenir sans divulgâcher les détails : un peu comme dans "Game of Thrones", il est recommandé de ne pas trop s’attacher aux personnages ! En revanche, vous pouvez attachez vos ceintures et foncer dans ce qui est, au final, un bon gros mélange de satire et de parodie qui s’avère parfois très très noir, dans l’humour comme dans le discours, le tout avec une excellente BO. Et peut-être reprendre un morceau en cas de saison 2 ?

Raphaël Jullien Envoyer un message au rédacteur

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