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Festival
Deauville Asia 2011 : Jour 2 - Un début de festival en demi-teinte, réhaussé par de beaux éclats de rire finaux
Pour cette première vraie journée de festival, trois films en compétition ont été projetés. Jugés un tantinet longs ou misérabilistes, tous trois ont reçu un accueil assez tiède de l’équipe d’Abus de ciné. Action Asia, en revanche, a su apporter son lot de satisfaction, talonné de près par le très attendu nouveau film de Hong Sangsoo, “Ha Ha Ha”, dont la sortie en France est imminente.
SKETCHES OF KAITAN CITY
de Kazuyoshi Kumakiri
(Compétition) + 1
Comme son nom l’indique, “Sketches of Kaitan City” se construit aux travers de plusieurs histoires. Dans l’hiver glacial d’une ville portuaire du nord du Japon s’entremêlent les destinées de cinq personnages. Autour des chantiers navals, des vies se brisent, victimes de la crise, du temps qui passe ou de l’ennui tout simplement. Une atmosphère glacée, sans issue, ou chaque protagoniste tente de survivre au jour de l’an. Puis vient l’aube et sur la baie, le soleil se lève incarnant une année nouvelle. Malheureusement inégal, le film réserve pourtant quelques très belles scènes. Notamment celles du début entre le frère et la sœur, puis celle de la vieille dame que l’on veut déloger. Premier long-métrage de la journée, “Sketches of Kaitan City” introduit une série de trois films en compétition qui ont pour fil conducteur la vision brute et sans artifice d’une grande misère sociale.
DONOR
de Mark Meily
(Compétition) + 1
Ce petit film philippin, tourné avec peu de moyens, retrace les initiatives illégales d’une jeune femme débrouillarde prête à tout pour s’exiler à Dubaï. Il a remporté dans son pays le prix du meilleur « feel good movie » de l’année. On se demande bien pourquoi. Dans “Donor”, entendez “donneur d’organe”. Les épreuves traversées par l’héroïne n’ont donc rien de léger et, malgré l’aplomb de la jeune actrice principale, qui distille avec force son charme caustique, le film tend à flirter avec un misérabilisme latent. Enchaînant les déboires glauques, entichée d’un petit ami qu’on aurait envie de baffer, la protagoniste devient la Cosette de Manille, qui finit par perdre de sa superbe. Et la fin, cinglante, vient sceller cette triste impression.
THE OLD DONKEY
de Li Ruijun
(Compétition) + 1
Au départ totalement déroutant, du fait de sa plastique factice digne des feuilletons allemands des années 80, “The Old Donkey”, tourné entièrement en numérique, révèle au fil de sa progression lente et contemplative, le portrait attachant d’un vieux paysan chinois. Ma Xingchun, tendrement surnommé “le vieux baudet”, est harcelé par un entrepreneur local peu scrupuleux qui tente par tous les moyens de lui réquisitionner son petit terrain afin d’y implanter une usine chimique. Or sentant sa fin proche, le vieux monsieur entreprend l’entreprise singulière de repousser le désert pour protéger la tombe de ses parents et, à terme, la sienne. Un film brut et singulier.
TRUE LEGEND
de Yuen Woo-Ping
(Action Asia) + 2
La sélection "Action Asia" démarre très fort cette année, avec le dernier film d'une légende du cinéma hongkongais, Yuen Woo-Ping, grand chorégraphe de combats depuis plus de 30 ans ("Il était une fois en Chine" mais aussi "Matrix" des Wachowski, frère et soeur). Rentrant immédiatement dans le vif du sujet par une boucherie millimétrée, cette fresque sur l'un des grands maîtres du Kung Fu n'est pas sans rappeler "le bon gros cinéma HK 80's/90's", comme l’a souligné le toujours sympathique Yannick Dahan ("La Horde") à la sortie de la salle. Su Can, joué par un impressionnant Vincent Zhao ("Seven Swords" de Tsui Hark) est un général glorieux et adulé se retirant du service afin de vivre avec sa famille et rechercher le Kung Fu ultime. Quand son frère adoption, à qui il avait laissé sa place dans l'armée, revient pour assouvir une vieille vengeance, la vie de Su Can va s’en trouver changée, et il devra apprendre une nouvelle technique pour le vaincre.
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HA HA HA
de Hong Sangsoo
(Panorama) + 2
Fidèle à ses thèmes de prédilection (les femmes, l’alcool, l’artiste manqué, le sexe), qui constituent la marque de fabrique de son oeuvre, Hong Sang-Soo délivre un film certes sans surprise, mais toujours agréable. Son “Hahaha” fait sourire, parfois rire, autant qu’il ennuie par son côté théâtral et bavard. Ceux que cela insupporte auront joyeusement évité la séance, tandis que les autres se seront délecté de retrouver le verbe joyeusement alcoolisé d’un cinéaste que l’on n’hésite plus, sous certains aspects, à comparer à Woody Allen. Et puis reconnaissons-le, quoi de plus plaisant que de retrouver des inspirations françaises dans un film sud-coréen à l’humour potache ?