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MARIE STUART, REINE D’ÉCOSSE

Un film de Josie Rourke

Une fresque historique pourvue de beaucoup de moyens mais de peu de style

Marie Stuart prie seule agenouillée derrière des grilles, quand des militaires viennent la chercher pour la conduire à son bourreau. Six ans plus tôt, après avoir été brièvement Reine de France, la jeune femme retourne dans son pays natal pour retrouver son trône de Reine d’Écosse…

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La tumultueuse histoire de la Grande Bretagne fut troublée au XXVIIe siècle par de nombreux conflits de dynasties et de religions. L'un des plus célèbres est celui qui opposa la catholique Marie Stuart, héritière du Royaume d'Écosse, à sa cousine protestante la Reine Élisabeth Ire. Considérée comme l'héritière légitime du trône d'Angleterre par les catholiques, Marie Stuart représentait une véritable menace pour Élisabeth qui, malgré les demandes d'alliance de la jeune reine écossaise, l'accusa de comploter contre elle et l'exécuta. Plus tard, l'Histoire aura raison de cette mésalliance car Élisabeth Ire ne donnera aucun héritier à la couronne, achevant ainsi le règne des Tudor et laissant le trône à Jacques VI d'Écosse, le fils de Marie Stuart.

C'est cette rivalité souveraine qui inspira Josie Rourke pour la réalisation de son premier film. Tourné en décors naturels et pourvu d'un casting prestigieux avec en tête d'affiche Saoirse Ronan ("Ladybird", "Brooklyn") et Margot Robbie ("Moi, Tonya", "Suicide Squad"), le film ne lésine pas sur les moyens. Le scénario se veut audacieux en revisitant l'Histoire à sa façon dans une de ses scènes finales et en donnant des rôles a des acteurs noir, asiatique ou d'origine indienne.

Malheureusement toute l'originalité de cette entreprise se résumera à ces quelques « folies » scénaristiques, car l'ensemble du film est d'un classicisme confondant. Certes les décors sont magnifiques (les paysages écossais parlent d'eux mêmes) et les acteurs impeccables, mais comme souvent dans les films historiques, la mise en scène sent quelque peu la naphtaline. Langage empreint de belles lettres, éclairages brumeux et énigmatiques, costumes impeccables et maquillages parfaits font de ce film un exercice de style sans bavures mais aussi sans relief.

Vous l'aurez compris, Josie Rourke, malgré tous ses efforts de mise en scène ne réussit pas à révolutionner le genre. Néanmoins, on doit lui accorder de ne pas être très chanceuse avec la date de sortie de son film. En effet, "Marie Stuart, Reine d'Écosse" arrive sur les écrans seulement quelques jours après l'époustouflant film de Yórgos Lánthimos. Situé deux siècles plus tard, dans une Grande Bretagne à présent unifiée, "La favorite" met aussi en scène la rivalité entre deux femmes : les favorites de la Reine Anne. Cru, puissant, cynique et magistralement orchestré, le film casse un a un les codes du genre pour offrir à son public une œuvre résolument moderne. Récompensé des prix les plus prestigieux, dont l’Oscar de la meilleure actrice à la géniale Olivia Colman, ce film marque dès à présent la filmographie de son auteur et de ses actrices. À côté, notre Reine d'Écosse semble bien fade. Classique et un peu trop théâtrale, elle risque de connaître la postérité uniquement dans les cours d'histoire des collèges d'outre-manche.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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