YUKI ET NINA
Petit conte franco-japonais pour petites têtes blondes franco-japonaises
Ce film franco-japonais est un conte moderne qui s’adresse aux enfants de moins de 12 ans et à leurs parents. Entre les deux, les adolescents risquent de se faire « iéch’ veugra » !
Le film met en scène deux copines de neuf ans, Yuki (née d’une maman japonaise et d’un papa français) et Nina (née de deux parents français divorcés depuis quelques années). C’est la fin de l’année scolaire et les deux fillettes préparent leurs vacances d’été, espérant faire quelque chose ensemble. Mais, la maman de Yuki a des projets totalement différents et décide d’en parler à Yuki. Très simplement, elle lui dit que sa maman et son papa ne s’aiment plus, qu’ils se séparent et que maman part vivre au Japon espérant bien y emmener sa petite Yuki. Le silence est lourd du côté de l’enfant et la réponse, tardive, n’a aucun rapport avec la révélation qui vient de lui être faite.
Si Yuki voit ses parents se disputer fréquemment, pour elle l’amour va au-delà de tout cela. Elle ne comprend pas cette rupture et tente avec sa meilleure amie de rabibocher les parents. Elles écrivent notamment une amusante lettre signée de « la fée de l’amour » ! La mère tombe en sanglots mais lui explique qu’elle serait encore plus triste si elle restait dans cette situation.
C’est donc avec des mots d’enfants que ce film est écrit. Petits et grands y parlent la langue de l’enfance pour expliquer chaque chose : la tristesse, la joie, le divorce, l’amour… Et les images font échos aux mots : tout est filmé à hauteur d’enfant. Jamais la caméra ne va plus haut que la tête des bambins. On pourrait dire que « Yuki et Nina » est un film haut comme trois pommes !
Si la première partie du film est empreinte de réalisme, à l’image d’une fiction sociale, la seconde partie fait davantage appel à notre imaginaire. Quand Yuki et Nina décident de fuguer, on entre dans un autre film, celui du conte, et dans un autre monde, celui de l’onirisme. Les références faites aux fables de notre enfance sont nombreuses. On pense notamment à « Hansel et Gretel », au « Petit chaperon rouge » ou à « Alice au pays des merveilles ». En outre, le décor principal de cette partie est une forêt, lieu d’excellence de la plupart de nos contes, celui qui représente le danger et l’inconnu (comme peut l’être le Japon pour Yuki) ; mais cette forêt se transforme peu à peu et Yuki finira par y voir un lieu de vie et de liberté qu’elle pourra associer au nouveau pays qui lui tend les bras. Le passage d’un monde à l’autre, celui de la réalité à l’imaginaire, lui aura permis de se construire, de changer vis-à-vis de ses peurs et de grandir.
Une jolie fable dont on regrettera seulement les longueurs de la seconde partie. La journée de fugue s’étire en long, en large et en travers, et paraît durer une éternité. Elle aurait grandement mérité une coupure de nombreuses minutes pour amener plus tôt à l’épilogue.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur