YOU SHOULD MEET MY SON !
Une comédie enlevée qui n'évite pas les excès de la caricature
Le générique de début fonctionne à merveille, sur le mode comique de répétition. Les filles défilent à la table, et les deux garçons se retrouvent face à elles, entre gêne et amusement. Jusqu'au jour où l'une d'entre elles devine rapidement de quoi il en retourne. Le courant semble passer, et les allusions sont légions, devant les deux femmes, pour qui chacune de leurs sous-entendus restent de l'ordre du « chinois ». Passée cette longue mais nécessaire introduction, cette comédie monte d'un cran dans l'humour et fonctionne plutôt bien, malgré le sur-jeu évident des deux actrices principales et la caricature faite de certains milieux, pas toujours des plus légères, mais pourtant très drôle.
Ainsi, les deux mémères vont d'abord logiquement passer par une étape de refus. Comment mon petit pourrait-il aimer les garçons ? Peut-on guérir cette déviance ? Elles vont ainsi chercher des solutions auprès d'une église fonctionnant en mode militaire, histoire de mieux laver le cerveau du malade. Mais avant d'en arriver à ces extrêmes encore faudrait-il être sûr de la gaytitude du fils... Et pour cela, quoi de mieux qu'un test de Glamour magazine ? Vous l'aurez compris, tout cela n'est pas très sérieux, mais prête à rire aux éclats, surtout lors de la deuxième phase, de recherche d'un mari, qui passe par tous les clichés, et assène cependant quelques petits pics bien sentis : capture d'un fleuriste (forcément gay), profil sur Internet (incroyable ce qu'on y trouve), sortie en boîte... Une épopée pour deux mamies, bourrée de détails croustillants et qui s'amuse des clichés (le garçon a été élevé aux clips de Madonna...).
Malheureusement, dans la dernière ligne droite, le grand-guignol prend le pas sur la mesure. Si un retournement de situation inattendu semble plutôt bien venu, introduisant un nouveau personnage uniquement présent dans les dernières minutes, le long repas final devient un peu trop irréaliste et trop démonstratif des bonnes intentions de la mère. Reste que le « You should meet my son » enfonce le clou sur le devoir de rechercher le bonheur et s'offre une peinture au karsher des a priori religieux et des principes de « conversion » prônés par certaines églises. Racisme, sectarisme, haine, et peur de la différence ne sont jamais loin. Rien de mieux qu'un film comme celui-ci, Prix du public au Festival Gay de Madrid 2011, pour les tourner en dérision.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur