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WORLD WAR Z

Un film de Marc Forster

En dessous de "Je suis une légende", "28 jours plus tard", "L’Armée des morts", "La Guerre des mondes"…

Gerry a stoppé sa carrière au sein de l’Organisation des Nations unies pour se consacrer complètement à sa famille – sa femme et ses deux filles. Un jour, un virus qui se transmet à l’homme cause une pandémie mondiale effroyable. Une course contre la montre s’engage pour trouver l’antidote et une lutte pour la survie débute pour Gerry et sa famille…

Adapté du roman World War Z – Z pour zombies – de Max Brooks, le film éponyme de Marc Forster s’affranchit de sa construction pour développer un fil d’intrigue différent. Alors que le livre adoptait plusieurs points de vue, le long-métrage se focalise, en effet, sur un personnage en particulier : Gerry Lane, un ancien agent de l’ONU, interprété avec un flegme assez déconcertant par Brad Pitt. En même temps on ne peut pas vraiment lui reprocher son caractère serein et imperturbable quand il s’agit de protéger sa famille et de ne pas affoler ses enfants sur la dangerosité de la situation… Sauf que ce trait ne le lâchera jamais durant les deux heures du film, et que les gosses et sa femme sont abandonnés assez rapidement au profit d’un tour du monde express mal exploité, qui l’amènera de la Corée du Sud au Pays de Galles en passant par Jérusalem.

Le scénario aurait davantage pu rendre hommage au roman de Brooks en exploitant différents lieux à travers le regard de plusieurs personnes. D’autant que lorsque Brad se retrouve forcé de quitter le navire sans sa femme et ses enfants, on se dit que le film peut enfin trouver une trame parallèle, dans un autre lieu, avec un enjeu que le toujours beau gosse (de 50 ans fin 2013) ne maîtrise pas : le bateau où se trouve sa petite famille avec potentiellement un contaminé qui s’ignore. Mais non, l’action ne lâche jamais Brad Pitt qui, pour le coup, est toujours au bon endroit au bon moment. La scène dans le camp de Jérusalem en est un exemple typique. Si visuellement, elle est la plus réussie du métrage, avec ses montagnes de morts-vivants et ses mouvements de foule impressionnants, elle perd de son impact et de son efficacité tant elle ne symbolise plus que cet effet. Même la femme soldat qui s’échappe avec Pitt ne trouve aucun véritable intérêt dans la suite du récit… On retrouve ce malaise dans la (fugace) scène en Corée : alors que le scientifique semble promettre un développement de l’histoire intéressant, le scénario avorte rapidement cette idée dans un retournement de situation qui confère au ridicule !

Les seconds rôles comme les intrigues secondaires n’ont donc pas de vie dans le film. C’est bel et bien un unique point de vue que "World War Z" adopte : celui de Gerry, permettant à la spectatrice lambda (qui voit certainement son premier film de zombies) de contempler Brad dans un avion, Brad dans un labo, Brad dans un bateau… Car c’est principalement à un film tout public que vous assisterez. Pas de sang, point d’éviscération, aucune tête arrachée. Tout est édulcoré, hors champ ou suggéré. On n’est pas loin de Brad Pitt au pays des Zombisounours… ! Les fans de gore et de George A. Romero en auront gros sur la patate. Heureusement, la tension accroche parfois le spectateur. Au début du film, notamment, on est pris dans cette montée en puissance du phénomène Z qui échappe à tout contrôle et qui rend angoissante cette menace qui surgit de partout et de nulle part. Le dernier acte cueille également le spectateur, une fois que la troupe se retrouve dans les couloirs du laboratoire et qu’elle est condamnée au silence ; chaque bruit devenant alors l’ennemi de nos héros. Mais c’est toutefois une bien maigre consolation…

Zack Snyder ("L’Armée des morts") et Danny Boyle ("28 jours plus tard") laisseront indéniablement une empreinte plus forte dans le genre. Marc Forster ("Les Cerfs-volants de Kaboul", "Quantum of Solace") tente bien quelques clins d’œil amusants (notamment avec la séquence dans le supermarché) et trouve quelques bonnes idées de mise en scène (les vagues de zombies ou le décompte de la transformation), son film reste malgré tout quelconque. Et ce n’est pas en évoquant « simplement » "La Guerre des mondes" qu’il parviendra à s’inscrire dans la lignée de ses prédécesseurs. Toute comparaison lui est fatale ! Quant à la 3D, elle n’apporte rien au visionnage du film, qui pour couronner le tout succombe bêtement à un des pires placements de produits de toute l’histoire du cinéma !

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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