WHITE SNAKE
Histoire de légende chinoise
Une jeune femme a été sauvée par un chasseur de serpents, Xuan. Devenue amnésique et menacée par une force extérieure, elle part à la recherche de son identité avec l’aide de celui-ci. Un chemin durant lequel les obstacles seront nombreux et les sentiments amoureux de plus en plus forts…
À chaque festival d’Annecy, le cinéma d’animation chinois s’offre un verdict à double tranchant, les grosses gifles sensorielles se mêlant à de viles contrefaçons de films américains. Par chance, "White Snake" se situe aisément dans la première catégorie, quand bien même ce qu’il raconte s’avère on ne peut plus prévisible. En effet, les cinéphiles les plus avisés ne mettront pas plus de cinq minutes à reconnaître ici cette fameuse légende chinoise qui, au-dessus de bon nombre d’opéras et de livres, aura surtout inspiré par le passé Tsui Hark avec "Green Snake" et Ching Siu-tung avec "Le Sorcier et le Serpent Blanc". Le déroulement de cette légende n’étant jamais le même en fonction des interprétations (ce qui est souvent le propre des légendes), on ne fera pas ici l’effort de juger le degré de respect ou de liberté prise avec l’œuvre en question. Tout juste se permettra-t-on de saluer la force visuelle et onirique d’un film dont chaque photogramme ne cesse de faire clignoter les mots « magie » et « émerveillement ».
Archétypal au possible, avec ses héroïnes éprises d’amour et de liberté, ses héros au grand cœur et ses vilain(e)s qui sourient juste pour ricaner, le scénario ne surprend pas. On reste cependant heureux de voir un film chinois qui, sans essayer d’occidentaliser sa propre culture et les figures qui lui sont propres, offre un univers familier et jamais cryptique. Sans doute parce que la mise en scène se base sur des conventions qui ont déjà fait leur preuve dans bon nombre de films d’animation américains, et que l’hallucinante beauté visuelle de cette Chine légendaire a souvent tendance à se montrer suffisante pour faciliter l’entrée libre dans un univers fantasmatique. Sans parler du fait que la complexité des personnages (surtout féminins) tend aussi bien à enrichir qu’à clarifier la portée réelle des enjeux, loin de ce manichéisme primaire dont on finit par avoir un peu ras-le-nem. Du coup, plutôt que de le considérer comme l’énième relecture d’une légende multi-adaptée, "White Snake" a tout à gagner à être qualifié de voyage animé à l’état pur, riche de mille détails et de mille nuances, où le seul effet d’immersion et d’imprégnation a force de loi. N’est-ce pas là le propre d’une invitation au voyage ?
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur