WHITE GIRL
Le triptyque « Sexe, drogue et rap » dans toute sa violence et décadence
Depuis sa projection au festival de Sundance, "White Girl" bénéficie d’une réputation de film sulfureux. Et dès les premières minutes, ces rumeurs viennent à sa confirmer. Leah est une étudiante dans l’insouciance de l’âge, passant la majeure partie de son temps en soirée, souvent ivre, fréquemment défoncée. Pour elle, tout n’est que légèreté. Avoir des relations sexuelles avec un inconnu ou s’amouracher du dealer du coin n’a rien de surprenant, tout comme l’aider à sortir de prison par tous les moyens alors qu’ils se connaissent à peine. Sauf qu’à rechercher l’adrénaline et l’aventure, la jeune femme va rencontrer les dangers, sombrant progressivement dans une spirale autodestructrice. Car plus les problèmes s’accumulent, et plus celle-ci finit les narines poudrées de cocaïne.
Pour son premier long métrage, Elizabeth Wood, qui a puisé son inspiration dans sa propre existence, frappe un grand coup. En ne jugeant jamais ses protagonistes, la cinéaste dessine le portrait saisissant d’une adulescente à la dérive, happée par le monde de la nuit et les excès offerts par la Big Apple. Animée par un ardent désir de vivre, Leah est à elle-seule une matérialisation des maux d’une jeunesse égarée, pas forcément coupable, pas forcément innocente. Mais au-delà du récit, le film bénéficie de qualités plastiques indéniables. Usant habilement des gros plans et de couleurs volontairement saturées, tout en lorgnant du côté de Larry Clark, sa mise-en-scène sert en permanence son propos. La déchéance de son personnage principal, capturé avec complaisance, est alors d’une puissance rare, chaque strate de sa destruction nous touchant au plus profond.
Néanmoins, si la néo-réalisatrice sait tenir une caméra, elle en oublie peut-être un peu trop l’importance des dialogues. Tournant rapidement à plat, ceux-ci ne parviennent jamais à développer les rôles secondaires, limitant ce drame poignant à une succession assez redondante de scènes de sexe et de prise de drogues. Puissant mais ampoulé, le métrage demeure de qualité grâce à la prestation époustouflante de Morgan Saylor. Celle qui interprétait la fille de Nicholas Brody dans la série Homeland livre une performance étincelante, crevant l’écran comme jamais. Et peu importe les quelques défauts de l’ensemble, "White Girl" fait partie de ces œuvres qui continuent à nous hanter durant de nombreux jours. Pour un premier passage derrière la caméra, c’est un essai grandement réussi !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur