WHAT RICHARD DID
La pente descendante
Après s'être intéressé aux reclus la société avec "Garage" et "Adam & Paul", Lenny Abrahamson s'occupe de la jeunesse upper middle-class irlandaise avec "What Richard Did". Richard est un beau garçon, propre et sûr de lui, que son père a éduqué pour être un winner. Ce n'est pas pour rien qu'il est capitaine de l'équipe de rugby. Mais Richard n'est pas parfait qu'en apparence. Concerné par les problèmes de ses amis, populaire mais aussi protecteur auprès des plus jeunes, il force le respect sans avoir à transgresser les règles.
La première partie du film dresse donc le portrait d'un garçon bien sous tous rapports et d'une jeunesse irlandaise bien éduquée, élevée à la Guiness et soudée par une cohésion forgée par le rugby. Bien que le film soit à mille lieux des films sortis depuis le début de l'année s'attachant à décrire une adolescence en perte de repères, accro à la biture et au sexe dépourvu de sentiments ("Sping Breakers" ou "Clip", par exemple), il est impossible de s'empêcher de guetter ce qui va faire basculer tout ce petit confort. D'abord parce que le titre du film est évocateur mais aussi parce que Lenny Abrahamson laisse subtilement planer la suspicion sur le réel caractère de son protagoniste. Bien que la caméra le fixe sans relâche, Richard est un personnage difficile à cerner. Jack Reynor est une véritable révélation, dégageant une impressionnante présence. L'acteur fait transparaitre tellement d'émotions et d'états d'esprit tout en restant insaisissable que son personnage n'a presque jamais besoin de prendre la parole.
C'est lors dans la deuxième partie, une fois l'irréparable commis, que Richard se révèle, que l'histoire prend toute son ampleur en évoquant l'éloignement de ses amis, les doutes de sa famille. Lars Mikkelsen, qui joue le père de Richard démontre en une seule scène qu'il n'a rien à envier au talent de son petit frère Mads. Confronté aux conséquences d'une situation qui pourrait bien compromettre son avenir, Richard cherche une porte de sortie mais se confronte à un choix moral et les multiples ellipses bien senties d'Abrahamson laisse une incertitude loin d'être désagréable face à un film aussi élégamment maitrisé.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur