WHAT ALICE FOUND
Suspens et initiation au monde adulte pour un grand prix de Deauville 2003 mérité
Filmé entièrement en vidéo, What Alice Found présente, il est vrai, une qualité d'image des plus déplorables, donnant à l'ensemble une apparence d'amateurisme bien trompeuse. Car le point fort du film de A. Dean Bell réside dans son scénario, confrontant deux visions de l'amérique. D'un côté, une jeune fille pleine d'espoir, refusant son échec annoncé, voulant croire au rêve américain, et se rendant en Floride pour le réaliser. De l'autre, la femme mûre, Sandra, originaire du Sud, à la fois forte et positive, mais qui reste lucide sur la nature humaine et exploite le système à son profit, en se prostituant sur les aires d'autoroutes.
Se concentrant sur ces deux portraits croisés, Bell nous conte le désenchantement, l'initiation à la dure vie d'adulte. Et ce qui commençait comme une rencontre des plus saine, vire au cauchemar supposé. Car les ressorts de l'histoire s'avèrent loin du cliché, rejetant les notions de bon et de mal, chaque personnage ayant ses zones d'ombre ou de lumière. Le spectateur, pris entre les accents du Nord et du Sud, entre calcul et pragmatisme, doute de tout, et exulte. Une véritable tension, finement graduée, donne donc à ce film une âme aussi noire que positive. A découvrir absolument.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur