WEEK-END ROYAL
Le hot-dog qui changea le cours de l'Histoire
Partant de la relation adultère du président Roosevelt avec Daisy, sa cousine au cinquième ou sixième degré, le dernier film du réalisateur de « Coup de foudre à Nothing Hill » démarre plutôt mal. Plan-plan et mièvre au possible, cette histoire d’amour incestueuse est des plus indigestes, d’autant plus qu’elle nous est contée en voix-off par le personnage de Daisy, interprété par Laura Linney, remplie de minauderies ennuyeuses.
Heureusement, au bout d’une bonne demi-heure, l’histoire se détache peu à peu de Daisy et de sa naïveté exaspérante pour se concentrer sur la venue du couple royal. Le Roi Albert et sa Reine Elizabeth se retrouvent alors bien loin de leurs habituelles conventions et protocoles, et c’est cette différence de culture entre les deux nations qui restera le point culminant du film. Un pique-nique programmé où l’on annonce des hot-dogs au menu ? Un affront pour son altesse Elizabeth alors que Rooselvelt prétend qu’il s’agit d’un met bien commode pour un déjeuner à la campagne. Le but de la manœuvre pour l’Empire britannique étant de renouer avec son ancienne colonie afin de négocier une aide militaire alors que les États Unis sortent à peine de la grande dépression qui a mis le pays à terre pendant près de dix ans. Quand on voit l’impact que l’intervention américain de 1944 a eu sur le cours de l’Histoire, on se dit que le couple Royal a été inspiré de mettre sa fierté de côté.
L’autre intérêt du film réside dans les échanges entre Roosevelt et le Roi Albert. Bill Murray est parfait en chef d’État assuré et espiègle jouant le patriarche auprès du bien jeune Roi d’Angleterre. Samuel West est également très convainquant malgré le fait que la marque de Colin Firth reste assez indélébile depuis « Le Discours d'un Roi ». La conversation en toute intimité des deux chefs d’États est elle aussi l’un des seuls moments digne d’intérêt du film. Car cette manœuvre témoignant du génie politique de Roosevelt est trop souvent interrompue par les simagrées d’un personnage dont, bien qu’ayant existé, on se serait allègrement passé…
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur