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WE ARE STILL HERE

Des segments inégaux pour défendre l’honneur des autochtones

À travers les siècles, les peuples autochtones d’Australie et de Nouvelle-Zélande tentent de conserver leurs libertés et leurs modes de vie malgré les menaces et les évènements…

We Are Still Here film movie

Ce film collectif en 8 parties part d’une bonne intention : redonner la fierté aux peuples indigènes d’Australie et de Nouvelle-Zélande en entremêlant les histoires et les périodes. Mais des objectifs militants ne sont pas forcément gage de subtilité. Cet ensemble disparate, finalement assez foutraque, est à la fois trop explicite dans ses messages et parfois trop brumeux dans certains de ses scénarios.

Comme souvent dans les films collectifs, tous les courts métrages qui le constituent ne se valent pas. Les séquences qui tentent d’unir l’ensemble, intitulées "Lured" (de Danielle MacLean), mettent en scène une mère et sa fille dans une décor animé qui se veut onirique voire ésotérique, mais il peine à séduire à cause de sa symbolique trop chargée et de son esthétique dégoulinante. "Te Puuru", de Tim Worrall et Richard Curtis, met en scène des désaccords au sein d’une tribu maori sur l’attitude à adopter face à la puissance colonisatrice britannique dans la Nouvelle-Zélande du milieu du XIXe siècle : cela se veut puissant mais ne propose pas grand-chose de plus qu’un aperçu des traditions et de la rage d’un peuple, avec un scénario peu inspiré. "The Bull and the Rūrū", réalisé par Renae Maihi, se situe en 1982 dans le contexte des manifestations anti-Apartheid lors d’une tournée de l’équipe de rugby sud-africaine : s’il est intéressant d’insérer des personnages aborigènes dans cet événement, la situation est incompréhensible et passe à côté du potentiel parallèle entre les différentes formes de racisme.

"Blankets", de Chantelle Burgoyne, est un récit de science-fiction qui imagine la vie d’une fillette et son grand-père essayant de survivre dans un monde post-apocalyptique ; cela peut intriguer, bien qu’il manque quelque chose pour susciter un plus vif enthousiasme. Le scénario de "Rebel Art", de Tracey Rigney, est relativement basique, mais suffisamment émouvant, avec des activistes aborigènes confrontés au racisme. "Woke", de Dena Curtis, est déjà plus intéressant avec un guide aborigène (joué par Sean Mununggurr, vu en 2001 dans "Yolngu Boy") contraint par la force d’aider un colon britannique à retrouver son chemin ; le duel est pertinent et la conclusion est forte.

On retiendra plutôt "The Uniform" de Miki Magasiva et Mario Gaoa, respiration tragi-comique se déroulant dans les tranchées de la Seconde Guerre mondiale à Gallipoli, avec la fraternisation entre un soldat australien aborigène (interprété par Villa Junior Lemanu) et un combattant ottoman. Mais le meilleur passage concerne "Grog Shop", de Beck Cole, où un homme aborigène (incarné par l’excellent Clarence Ryan) tente d’acheter de l’alcool et doit constamment faire face à un policier raciste et sadique, jusqu’à une fin inattendue qui donne encore plus de consistance à ce segment.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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