WARNING : DO NOT PLAY
Le titre nous avait pourtant prévenus
Mi-Jung est une réalisatrice essayant difficilement, depuis 8 ans, de monter un film d’horreur. Elle commence alors à s’intéresser à un film considéré comme le plus effrayant et qui aurait été tout simplement banni après qu’un spectateur soit mort d’une crise cardiaque. Mais en se lançant à la poursuite de ce film, Mi-Jung va avoir à faire à des événements plutôt inquiétants…
Sortie directe en VOD et DVD le 6 mai 2020
Second long métrage de son auteur, Kim Jin-won, habitué au genre horrifique et au gore, "Warning : do not play" concluait cette année le festival du film fantastique de Gérardmer. Malheureusement, il s'agissait d'une bien triste clôture de festival, le film étant par bien des aspects, assez pourvoyeur de migraines et de soupirs. L’histoire suit donc une réalisatrice, qui après un petit coup d’éclat avec un court métrage, se voit attribuer un projet de film d’horreur, sur lequel elle peine à avancer, au grand dam de son producteur. Elle va cependant entendre une rumeur sur un film d’horreur si insoutenable qu’il aurait été tout simplement interdit de toute diffusion.
C’est alors que l’intrigue démarre vraiment, Mi-Jung, notre héroïne, partant à la recherche de ce fameux film. Et c’est aussi là que le film part totalement en vrille. Le scénario adopte une forme avec des mises en abyme successives, rendant l’histoire beaucoup plus complexe qu’elle ne devrait l’être, le film qu’elle recherche étant une fiction (mais en fait peut-être pas), mais elle va s’en inspirer pour faire sa propre fiction (mais en fait pas vraiment), puisque c’est en fait l’histoire qui est montrée au spectateur, le tout saupoudré d’une malédiction dans un cinéma hanté. Bref tout cela est assez confus, et par-dessus tout, pas très utile, puisque l’on voit mal ce que ce côté méta apporte réellement.
Par-dessus la confusion narrative, s’ajoute également la confusion quant au message et à l’interprétation du film. En effet, on comprend assez mal ce que Kim Jin-won, à la caméra mais également à la plume, essaie de nous raconter. Certains pourraient penser qu’il s’agit d’une critique de la recherche de sensationnalisme à tout prix, que ce soit à travers les médias habituels ou les réseaux sociaux. Mais même cette approche, qui semble la plus logique pourtant, est au mieux erronée, au pire complètement ratée par son auteur. Car en effet, d'un côté le premier réalisateur (celui qui a fait le film interdit, donc, si on arrive à suivre) est effectivement complètement hanté par les événements et subit un véritable retour de bâton par rapport à sa volonté de faire « le film le plus terrifiant de l’histoire ». De l'autre, Mi-Jung, elle, alors qu’elle est animée par les mêmes motivations et possède même l’exacte même origin story que le premier réalisateur (origin story tellement précise et particulière que, si la scène en elle-même témoigne d’un certain intérêt cinématographique, elle devient totalement ridicule de par son incapacité à nous sortir de l’incrédulité), pour accentuer la mimétisme entre les deux, elle sera acclamé par ses pairs.
La métaphore n’est donc pas tenue jusqu’au bout, ce qui est d’autant plus risible que le film, vu par le spectateur, est en fait le film fait par la réalisatrice, qui est en fait également le film fait par Jae-Hyun (le premier réalisateur), soit théoriquement le film le plus terrifiant sur Terre au point qu’un spectateur ai fait un arrêt cardiaque. Ce qui fait que "Warning : Do not play" se vend ainsi, de par ses mises en abîmes, comme LE film le plus terrifiant. Or, si la réalisation n’est pas mauvaise en soit, de là à dire que le film est terrifiant, ce serait bien exagéré (même si chaque spectateur aura évidemment des sensibilités différentes et que donc, ce film peut très bien provoquer de l'angoisse). La faute pas vraiment à la mise en scène, mais plus encore une fois à l’écriture qui nous empêche de vraiment nous investir par sa futile complexité.
Si le jeu d’acteurs, lui, reste plutôt bon, avec cependant des standards coréens, un peu différents des nôtres, et qui parfois peuvent gêner le spectateur français, "Warning : Do not play" se révèle donc au final être une grosse déception.
Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur