WALTER, RETOUR EN RESISTANCE
Un édifiant appel à la résistance politique
Comme une pièce de monnaie « Walter » est un documentaire à deux facettes. D'un côté, il s'agit d'un humble portrait d'un vieil homme, conscient de ses élans joueurs alors qu'adolescent il cherchait à échapper dans les ruelles d'Annecy à la milice, qui raconte avec recul sa propre histoire, douloureuse, ponctuée de nombreuses disparitions, et nous montre les lieux de sa déportation, le tout avec une force vitale qui surprend à chaque instant, tout comme son envie de combattre les idées reçues. De l'autre, il s'agit d'une oeuvre politique engagée, vis-à-vis de toutes les manipulations politiques.
Rudement d'actualité, ce documentaire montre comment le programme et les idéaux du Conseil National de la Résistance, ayant notamment créé au lendemain de la guerre la sécurité sociale pour tous, sont peu à peu niés ou détruits les uns après les autres par les partis au pouvoir. Malgré l'avertissement contre les « amalgames », perpétrés par Bernard Accoyer, président de l’Assemblée Nationale, on est vite convaincu (surtout après la lecture d'un courrier du numéro 2 du MEDEF, affirmant clairement les objectifs du patronat, prônant une méticuleuse régression au niveau social) que la France ne va pas vraiment dans le bon sens.
La mémoire sert d'appui politique, de prétexte, et s'avère insidieusement méprisée. Les extraits des commémorations impliquant des hommes politiques comme Nicolas Sarkozy, sont bien entendu choisis sciemment pour montrer les dessous d'une communication dont le cynisme est sans limites, se préoccupant plus de l'image que des gens. Organisant chaque année un pique-nique citoyen sur le Plateau des Glières, haut lieu de la résistance, le fameux Walter redonne espoir en un engagement citoyen retrouvé, que les génération sembleraient pourtant avoir oublié. Un appel à se questionner et à résister chaque jour, forcément contesté par les gens « en place », qui pourraient y voir une menace de l'ordre d'une contre-communication, ce qui ne ferait pas de mal de nos jours, face à des médias qui se contentent de relayer n'importe quelle parole officielle.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur