Festival Que du feu 2024 encart

LE VOYAGE DE TOM POUCE

Un mélange éclectique, mais plaisant

Un fermier se construit une voiture et enlève une princesse. Un couple, dont la voiture est à la limite de l'épave, voudrait bien ne plus être la risée de tous. Un garçon, petit comme un pouce, accepte d'être vendu à un homme riche et promet à son père de revenir très vite...

Ce recueil de trois courts métrages filmés en stop-motion surprend par la combinaison de ses histoires, certes toutes proches du conte, mais dont les ressorts sont très divers. Si elles vantent toutes quelque part la débrouillardise, les personnages sont ainsi très différents. Dans "Une princesse qui ne riait pas", un jeune fermier rêve de se construire une voiture à sa manière et de se rendre à la cour pour séduire la princesse. Se voyant refuser l'accès, il va enlever la jeune femme (cela dit parfaitement consentante, cet événement lui permettant d'échapper à ses prétendants). "Le Pêcheur Marsicek" raconte, lui, les péripéties d'une famille de pêcheurs qui, prenant soin des poissons, se voit offrir par le roi des poissons des pièces toutes neuves pour leur vieille voiture. Enfin, "Le Voyage de Tom Pouce" nous propose de suivre le périple d'un tout petit garçon (il tient dans une main), vendu par son père fermier et passant de propriétaire en propriétaire, avec l'espoir de rentrer un jour riche.

Bien sûr, on peut voir dans chacun de ces films, l'évocation de différents contes, plus ou moins connus. Ainsi le premier évoque de manière très lointaine une sorte de Cendrillon inversé (c'est l'homme qui devient le prétendant indésirable). Le deuxième, même s'il parle d'une légende existante du roi poisson qui exauce les vœux, fera forcément penser à la lampe d'Aladdin et à son génie. Enfin, le troisième, même s'il est adapté d'un conte de Jan Werich, illustre auteur tchèque du XXe siècle, évoque à la fois le Tom Pouce des frères Grimm, et les bottes de sept lieux du Petit poucet de Charles Perrault. Si l'on exclue le premier, au rythme hystérique injustifié et aux très nombreux dialogues pas forcément adaptés aux enfants, il se dégage à la fois humour et poésie de cet ensemble, aux qualités d'animation indéniables.

Ceci d'autant que la complexité était à chaque fois au rendez-vous. Ainsi, "Une princesse qui ne riait pas" utilise une technique de faux relief, consistant à confectionner les pantins en Semiplastic et à les coller sur des plaques de verre, auxquels s’additionnent, en décors, des éléments photographiés sur fond vert et assemblés par ordinateur. Dans "Le Pêcheur Marsicek", la gageure était surtout de faire tenir debout les personnages, sortes de pantins plats (feuilles de papier cartonné), aux membres articulés. Le décor, lui, fait de vrais livres aux formes évoquant des immeubles, de maquettes de voitures et de neige ou de fumée en surimpression, séduit par son univers très à part.

Enfin, "Le Voyage de Tom Pouce" mélange les techniques, des marionnettes traditionnelles aux décors peints, tout en proposant des illustrations de certaines idées exprimées, sous forme de bulles types BD, réalisées en animation dessinée 2D (le même principe est utilisé dans le premier film). L'ensemble séduit donc indéniablement, grâce aux univers fantaisistes présentés, aux compositions graphiques proposées et à l'aspect gentiment amoral des histoires.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire