LE VOYAGE DE LUCIA
Une parenthèse dans la vie de deux femmes
Deuxième film d’un réalisateur italien méconnu en France, « le Voyage de Lucia » se compose de deux parties distinctes. La première, qui est la plus réussie, explore le quotidien des deux femmes aux âges différents, mettant en opposition leurs univers respectifs (Lucia, la quarantaine, femme de médecin vs Lea, la vingtaine, en couple avec un tatoueur). C’est surtout Lucia (Sandra Ceccarelli, remarquée dans « Il Resto della notte ») qui fascine, d’abord par sa beauté et sa grâce, mais surtout par la tristesse qui se dégage de son regard, fatigué par tant de grossesses échouées et un mari qui ne sait pas l’aimer. Alors qu’elle est en pleine dépression, sa rencontre avec la pétillante Lea va la sortir de sa torpeur et susciter en elle de nouvelles émotions. D’abord de l’indignation, face à la nonchalance et la désinvolture de la jeune femme. Ensuite de la tendresse et de la bienveillance, ouvrant la voie vers une relation inattendue.
La deuxième partie du film, censée montrer le voyage initiatique des deux femmes (elles vivent sur un bateau qu’elles retapent, métaphore de la nouvelle vie qu’elles tentent de construire), perd de cette petite magie qui enveloppait leur rencontre. Loin de leurs hommes et de leurs problèmes (la santé pour l’une, l’incapacité de s’engager pour l’autre), déconnectées de leur contexte social et dépareillées de ce qui faisait le charme de leur rencontre, elles entrent dans une routine un peu vaine, certes ponctuée de parenthèses poétiques (le chant des baleines perçu à travers la station) mais qui ressemble à une histoire normale. Et donc moins intéressante. C’est d’ailleurs le retour d’un signe venu de leur ancienne vie qui permet au film de redécoller dans son dernier quart d’heure, réinjectant l’émotion qui manquait jusque là. « La voyage de Lucia » reste néanmoins un film agréable, dotée d’une belle photographie, et résolument tourné vers la vie.
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur