VOUS ÊTES JEUNES VOUS ÊTES BEAUX
Portrait sans concession d’une certaine vieillesse
Lucíus, homme de près de 70 ans, se voit diagnostiqué une mort prochaine, avec perte progressive d’autonomie Repéré par un homme mystérieux lors d’une altercation avec un ivrogne dans un bar, celui-ci lui propose de participer à des combats entre vieux. Incapable de payer une maison spécialisée dans le privé, il décide d’accepter…
"Vous êtes jeunes vous êtes beaux" est une sombre histoire qui a le mérite d’offrir une perspective inédite sur la vieillesse. Proposant une approche initiale en apparence incongrue (l’aspect clandestin des combats, confine à l’irréel avec son monsieur loyal), avant de nous plonger dans sa seconde partie dans les affres de la perte d’autonomie, le scénario compose avec les notions de dignité et de résistance, interrogeant sur le traitement réservé par la société aux personnes âgées.
À l’ironie de ces jeux du cirque destinés à des gens beaux et riches, observant les corps décharnés des vieillards se battant (les discours de Denis Lavant appuient là où ça fait mal), succède l’espoir d’une jeunesse retrouvée (et finalement tarifée) incarnée par le personnage de Patrick Bouchitey, avant que l’installation en maison de retraite ne devienne synonyme d’ennui et de misère intellectuelle. La discussion effrayante, mais édifiante et finalement dialoguée, sur le mariage entre purée et steak haché, enfonce le clou...
Offrant un rôle émouvant à une Josiane Balasko d’une profonde sobriété, tout comme un rôle pudique et osé à Gérard Darmon, exposant son corps comme son allure d’homme digne, le film ne souffre pas moins de l’éclairage néon des scènes de boîtes de nuit et autre cabaret à entraîneuses, faisant certes contraster les couleurs de ce monde d’illusions avec celles de villages en hivers, mais gâchant un peu l’aspect crépusculaire de l’ensemble. Reste que l’histoire, dans ses soubresauts, marque forcément.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur