VOLTIGES
Beau mais creux
Présenté à Berlin et à Tribecca en 2011, ce premier long métrage suédois est tout sauf classique. Laissant croire d’abord qu’il s’agit d’un film sur la voltige en cercle, sport équestre méconnu consistant à effectuer des figures acrobatiques sur un cheval au galop, il se détache assez vite de ce faux sujet pour se concentrer sur les deux adolescentes et le rapprochement qui s’opère entre elles. Hélas, alors que l’on voudrait être happé par les forces de l’attraction, la magie du doute et l’émoi du trouble naissant, le film va vite en besogne et délivre un jeu amoureux un peu vain. Les instants de tension n’en sont pas tellement, les réactions mécaniques. Quant au jeu froid et inexpressif de l’actrice qui interprète Emma, bien que justifié dans la deuxième partie du film, il suscite l’ennui à défaut du mystère.
Ceci dit, derrière cette trame un peu creuse se cachent des petits récits intéressants. Notamment celui de Sara, la petite sœur d’Emma qui, en plein questionnement existentiel à seulement 7 ans, découvre les tracas de l’amour et de la puberté. Joué par une gamine épatante, ce petit personnage soulève mine de rien des questions d’une étonnante gravité. Le père, lui aussi, ne manque pas d’intérêt. Très peu bavard, pas tout à fait présent mais pas tout à fait en marge non plus de la vie de ses enfants, il inspire le mystère, la fascination et la compassion. Qu’est-il arrivé à sa famille ? Comment décrire sa relation à la fois proche et distanciée avec ses filles ? Rien n’est expliqué, tout se devine ou s’imagine au travers d’un regard ou une caresse.
S’il ne passionne pas, « Voltiges » est donc un film qui attire, fascine parfois, à condition d’accepter de le contempler comme un objet cinématographique. Les décors de dunes sur la plage déserte, de chemins de terre au milieu de nulle part, de maisons aux façades numérotées telles des hangars, semblent sortir tout droit d’un rêve. Sur cette ville inconnue où le soleil ne se couche jamais (c’est l’été suédois), il plane une atmosphère surréaliste et poétique, que la mise en scène alternant plans très serrés et plans très larges vient exacerber. Et même si l’histoire prend un détour inattendu vers la fin, gagnant ainsi un peu d’intérêt, c’est plus l’image d’une enfant de 7 ans, seule et tourmentée dans son lit irradié par le soleil de minuit, que l’on retiendra.
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur