VOISINS VOISINES
Un film qui laisse perplexe, tant il rappe, sans avoir pour sujet le rap
Voisins voisines est un film bancal, qui se concentre sur l’inspiration d’un chanteur rap, dont les mots sont omniprésents, mais dont la personne reste en retrait de la vie de son allée, provoquant uniquement un faux cambriolage comme élément déclencheur de relations sociales. Certes, l’auteur a voulu faire de lui une sorte de conteur, pour cette histoire à la limite du réalisme, mais on ne peut s’empêcher de s’imaginer ce qu’aurait pu être le film sans son personnage, qui paraît peu utile au final.
Hormis une scène assez réussie où des jeunes rappent dans un hall d’entrée, en imitant des instruments avec la bouche ( technique du beat box ), les morceaux se succèdent, s’alliant certes élégamment avec les passages joués, avec transitions sonores soignées, mais ne faisant que répéter ou souligner la réalité, sans trop de relief. Et une tristesse s’installe peu à peu, comme un constat de solitude, malgré l’existence de relations entre ces immigrés de diverses origines et destinations. Seule la scène de fin, magnifique et touchante, laisse entrevoir un espoir de réelle entraide, que le réalisateur a voulu mettre en avant.
L’intégration sociale à la française n’élimine pas certains problèmes typiquement humains, et le film de Malik Chibane met bien cela en évidence, avec même une certaine dose d’humour (voir les bouteilles de cola hébreux et musulman). Si l’intention était bonne, ceux qui n’adhèrent pas à ce genre musical qu’est le rap, auront bien du mal à rentrer dans un film ethniquement intéressant, mais dont le côté décousu et parfois expéditif ne facilite pas la compréhension de la complexité des vies de chaque personnage, qui aurait mérité d’être développées. Mais cela aurait fait un autre film…
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur