VIVRE ET CHANTER
L'opéra de peu de sous
Dans la banlieue de Chengdu, Zhao Li dirige une petite troupe d’opéra traditionnel chinois. Un jour, elle reçoit un avis d’expulsion car la ville veut construire de nouvelles tours d’habitation. Déjà très affectée par la désertion des spectateurs, Zhao li tente de demander aux autorités d’épargner son théâtre. Elle croise alors le fils d’un de ses plus fidèles fans. Peut-être arrivera t-il à sauver l’établissement ?…
"Vivre et chanter" fait partie de ces films témoins d'une époque qui s'achève. À l'heure où les divertissements sont disponibles en quantité démesurée sur tous nos écrans, les petits théâtres de quartier, autrefois si populaires en Chine, ferment les uns derrière les autres. Pour que ceux-ci ne tombent pas silencieusement dans l'oubli, Johnny Ma a passé 7 mois dans celui de Zhao Li, dans la banlieue de Chengdu.
De cette immersion est née une fiction. Une fiction qui, bien que fortement inscrite dans le réel (Zhao Li et les autres membres de la troupes jouent leur propre rôle), exalte tout le mystère et la magie de l'opéra chinois grâce à quelques magnifiques scènes oniriques. Dans cette tragédie feutrée, même les pelleteuses qui menacent l'établissement sont filmées avec grâce et douceur.
Mais à côté de ces somptueux tableaux se profile l'insidieux désespoir du vide, les lendemains précaires et l'explosion d'une famille. L'histoire est d'autant plus touchante que Zhao Li a porté beaucoup d'espoirs sur le tournage de ce film. Elle espérait notamment que sa nièce, qui a accepté de jouer dans le film alors qu'elle avait déjà quitté la troupe, revienne chanter comme aux heures glorieuses. Malheureusement, ce ne sera pas le cas.
Après avoir été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs 2019, "Vivre et chanter", sort aujourd'hui dans de nombreux pays, offrant à ce petit théâtre la plus grande audience qu'il n'ait jamais connue. Une reconnaissance méritée et nécessaire, qui ne pourra cependant effacer les larmes de ce vieux monsieur, admiratif et fidèle, une fois le spectacle terminé.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur