VIVER MAL

"Viver Mal" est le film miroir de "Mal Viver", prix du jury au Festival de Berlin 2023. Lui-même présenté dans la section Encounters la même année, le film suit cette fois-ci, non pas les femmes qui tiennent un hôtel vieillissant, mais des groupes de clients, en proie à des tensions certaines. "Viver Mal" est ainsi logiquement découpé en trois chapitres, aux titres plus ou moins mystérieux : "Jouer avec le feu", "Le Pélican", et "L'amour d'une mère", correspondant chacun à l'approfondissement des interactions des personnages liés à chaque couple. Un petit jeu de massacre réjouissant, dont la temporalité apparaît au final comme simultanée, les références discrètes au premier film (l'accueil à la réception, Piedade avec sa fille sur la canapé, les cris de Piedade qui cherche sa chienne Alma, Raquel explicitant le menu dans le restaurant...) venant non seulement situer le propos, mais aussi créer des échos au niveau de chacune des trois histoires.

Point de nécessité absolue d'avoir vu le premier volume pour apprécier ce second film, beaucoup plus bavard, disséquant les comportements de chacun, vis-à-vis de la fidélité, de l'amour ou de la supposée protection maternelle, le caractère plus ou moins intéressé des hommes, ou la différence d'âge dans le couple... Les sujets sont donc nombreux derrière l'ensemble de ces relations amoureuses, donc choisies, mais tout autant empoisonnées que celles filiales du premier film. Au final les interactions avec le personnel de l’hôtel finissent par redonner vie à ce lieu, dévoilant certes une vision très pessimiste des relations familiales et de couple, mais montrant un réel talent de João Canijo pour imbriquer de multiples histoires.