VITTORIA

Un rôle bouleversant pour Marilena Amato

Jasmine, femme d’une quarantaine d’années, coiffeuse, déjà mère de trois garçons, consulte une voyante pour savoir si elle aura prochainement une fille. Mais celle-ci ne voit pas de fille dans sa vie dans un futur proche. Pensant alors à l’adoption, elle décide de s’engager dans ce chemin, mais a peur d’en parler à son mari…

Découvert dans la section Orizzonti Extra du Festival de Venise, "Vittoria" nous brosse le portrait d’une napolitaine dont le lien avec ses enfants est particulièrement fort. Plusieurs scènes viennent dès le début du métrage, à l’appui de cela, montrant sa complicité avec son ado qui fume dans les toilettes, ou avec son aîné, travaillant désormais au salon avec elle, auquel elle fait tendrement écouter le message de compliments d’une cliente. Sans filtre, mais centrée sur son objectif, celui d'avoir enfin une fille, celle-ci n’hésite pas à poser des questions à une amie d’amie, ou à parler de son cas à ses clientes. Car consciente que son mari va lui demander de ne pas avoir une bouche supplémentaire à nourrir, ou d’avoir l’enfant par la voie naturelle, elle voudrait bien verrouiller la chose avant que celui-ci n’explose.

Après une installation qui pose divers enjeux en rivalité (le procès pour récupérer une indemnisation due à son père décédé, les besoins d’argent du mari pour ouvrir une annexe de charpentier sur l’île de Capri, son désir d'enfant à elle), le scénario nous plonge dans les méandres du parcours parental d'adoption, avec ses difficultés intimes, administratives et financières. Dévoilant certains rouages surprenants du système italien, de l’interrogatoire des autres enfants, à l’approbation obligatoire des grands parents, c’est dans la persévérance du personnage principal que réside toute l’énergie du film. Et c’est grâce à l’interprétation magistrale de Marilena Amato, plongée dans le bruit et l'agitation inhérents à sa famille déjà nombreuse ou à son métier, avant de déployer des tonnes d’une douceur communicative lors des premiers contacts avec un orphelinat en Biélorussie et avec celle qui donnera intelligemment son titre au film. Un titre qui prend alors une belle double signification.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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