VIOLET EVERGARDEN, LE FILM
Un mélodrame animé, à la fois envoûtant et esthétiquement riche
A la mort de sa grande mère Anne, Daisy découvre que celle-ci gardait précieusement des lettres qui avaient été rédigées par une « poupée » (une sorte d’écrivain public) dénommée Violet Evergarden. Il s’agissait de lettres que sa mère avait planifiées pour chacun de ses anniversaires, afin de lui donner du courage et l’envie de vivre…
A la suite de la série animée et du premier film sorti en début d'année dernière ("Violet Evergarden : Éternité et la poupée de souvenir automatique"), "Violet Evergarden, le film" vient clore la destinée de Violet, jeune écrivaine publique aux mains mécaniques, traumatisée par la disparition de Gilbert, son ancien supérieur hiérarchique, auprès duquel elle s'était battu à la guerre. Le film démarre pourtant avec un autre personnage, dont l'arrière grand mère alors malade, avait fait rédiger à Violet des lettres pour chacun des anniversaires de sa fille. Une simple coupure de journal s'envolant dans le vent, permet de transporter le spectateur dans le passé et dans la ville portuaire de Leiden, où Violet travaillait pour la compagnie postale. L’idée est simple mais forte, et servira également pour clore le métrage, et revenir lors d’un voyage de la petite fille sur une île isolée au doux nom d’« Écarté ».
La trame de l’ensemble, proposant de nombreux allers-retours entre le quotidien et le travail de Violet, qui rédige notamment des lettres pour un jeune malade, et ses souvenirs d’un conflit où elle aurait perdu l’homme qu’elle admirait, est relativement lisible, même pour ceux qui n’auraient pas suivi la série. Entre traumatismes de guerre, impact du progrès (avec notamment l’arrivée du téléphone...), apprentissage de l’amour, esquisses de rivalités amoureuses, le ton reste quasi toujours feutré, car centré sur les sentiments de cette jeune femme que l’on sait retirée de son métier. Accompagnée par une bande originale des plus efficaces signée Evan Call, les dessins affichent richesse de décors et paysages romantiques, comme influences européennes (une drôle de Tour Eiffel trône au cœur de la ville de Leiden…).
Si le tout est axé sur le sentiment de culpabilité, le deuil et découverte de ce qu’est l’amour, "Violet Evergarden, le film" n’échappe pas à quelques excès niveau mélodrame, certaines hésitations frôlant le cliché sur la fin. Restent cependant de vrais moments déchirants, une magnifique conclusion, et un souffle à la fois épique et romantique contrastant à merveille avec l’aspect contemplatif et la lenteur de ce film fleuve. De quoi confirmer Violet Evergarden comme une vraie héroïne romantique (le film est basé sur le roman "Violet Evergarden" de Akatsuki Kana), et surtout Reiko Yoshida (également scénariste de "Ride your wave" qui sortira en septembre, mais aussi de "Liz et l'oiseau bleu", "Okko et les fantômes", "Silent Voice", "Lou et l'île aux sirènes", ou "Le Royaume des chats") comme l’une des meilleurs scénaristes d’anime du moment.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur