VIERGE SOUS SERMENT
Un troublant parcours psychologique sur ce qui fait ou non le genre
Après avoir joué une mère hippie dans le surprenant Grand prix du Festival de Cannes 2014 ("Les merveilles"), puis remporté le prix d'interprétation féminine au Festival de Venise 2014 pour son rôle de mère surprotectrice avec son bébé dans le terrifiant et formidable "Hungry hearts", l'actrice italienne Alba Rohrwacher est venue défendre au Festival de Berlin 2015 le troublant "Vierge sous serment".
Elle y interprète une femme adoptée dans son enfance, après la mort de ses parents, conditionnée par une éducation des plus strictes et ancrée dans la tradition du mâle dominant. Enveloppée d'une atmosphère de mystère, bercée par une photographie qui magnifie la triste pauvreté des lieux, cette histoire aborde l'importance de l'environnement familial dans la définition de la personnalité, du genre, voire de la sexualité.
Disposant d'un subtil montage, le film effectue ainsi des allers-retours entre époque actuelle en Italie et enfance passée en Albanie, tentant de mieux nous faire saisir les liens entre les deux sœurs et les agissements d'une nouvelle venue. Traitant du courage de rester et de la tentation de fuir, du besoin de faire plaisir à l'autorité paternelle en se pliant aux règles des hommes (objet d'une terrifiante scène d'enseignement...), du désir d'expérimenter ce que les autres attendent de nous plutôt que ses propres pulsions, "Vierge sous serment" livre, grâce à la langueur éreintée de son actrice principale, un lumineux portrait et une belle histoire de renaissance.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur