LA VIE EST A NOUS
Beaucoup de bruit pour moins de choses que prévu
Comme le dit si bien le réalisateur, Gérard Krawczyk (Wasabi, Taxi 2 et 3, Fanfan la Tulipe), un film est une proposition. Une proposition d’entrer dans un monde, d’accepter un point de vue, d’adhérer à une histoire. Une proposition que chacun est libre d’accepter ou non. Malheureusement, malgré de bonnes intentions de la part du réalisateur et des actrices et acteurs tombant juste (la plupart du temps), cela n’empêche pas l’ennui d’arriver.
L’histoire est celle de Louise (jouée par Sylvie Testud, récemment sur scène à Lyon pour La pitié dangereuse de Zweig), une jeune femme d’une trentaine d’années à peine, qui tient de main de fer le bar familial, perdu dans un village de Savoie. Bar familial puisque sa mère, Blanche (Josiane Balasko) est toujours là pour veiller au bon fonctionnement du café, et cela, même si elle vient d’enterrer son mari.
Si « l’Etape » et « Le Virage », le café d’en face, sont tous deux tenus par des femmes (mères et filles), les hommes ne sont pas pour autant absents : entre les enfants de DASS hébergés et élevés par les deux femmes aux cœurs d’or (signalons un Michel Muller, très touchant dans le rôle de l’un de ces grands gamins), qui grandissent et restent au village, et les routiers venus bloquer la route, avec à leur tête, Pierre (joué par un Eric Cantona, idéal pour ce rôle), les femmes du village sont servies en animations de tout genre.
Si Sylvie Testud tient ce rôle à merveille et lui évite de tomber dans la caricature, et si Balasko est émouvante dans le rôle de cette femme qui essaie de se raccrocher au présent tant bien que mal, il n’en reste pas moins que l’équilibre est précaire : entre une Louise (trop) volubile, et une Blanche posée, qui réclame de temps en temps du silence (elle a dû lire dans mes pensées) ; Entre une Louise qui n’a jamais quitté le village et un Pierre routier de son état. Equilibre précaire donc, qui malheureusement, a tendance à basculer. Basculer dans le soûlant et le bruyant, au lieu de rester du côté de la poésie.
C’est d’ailleurs ce que souligne le réalisateur lors de la conférence de presse : entre poésie et ridicule, il n’y a qu’un pas. Et voir Cantona entamer une espèce de danse, entre flamenco et danse indienne, pour résoudre un conflit plutôt que d’en venir aux mains, on est, pour moi, loin de la poésie... Dommage.
Stéphanie PalisseEnvoyer un message au rédacteur