LA VIE COMME ELLE VA
Portraits chinois venus d'Aveyron
En s'installant dans le charmant village de Najac, Jean Henri Meunier ne se doutait pas qu'à force de filmer ses voisins et fréquentations locales, il allait finir par en faire un film. Assez proche dans l'esprit des fameuses Quatre saisons d'Espigoule, les personnes de la Vie comme elle va, sont tout aussi réel, mais restent pris sur le vif, dans leur vie de tout les jours. Et c'est l'originalité des personnages, pour la plupart d'apparence décalée, qui fait le charme de l'entreprise.
La bonhomie assumée du chef de gare, un gros poil dans la main, qui arrose les fleurs du premier étage, en jetant de l'eau depuis le rez-de-chaussée, rivalise de flegme surréaliste avec les agissements désordonnés mais généreux du fortement poilus « enfant terrible du pays », ou les concerts privés donnés par le maire de 84 ans. Les multiples projets du « poète de la mécanique », dont aucun n'aboutit réellement prêtent à sourire. Sa soudaine crise de peinturlurage en bleu, d'apparence risible, contraste merveilleusement avec ses rares confessions sur la perte de sa femme, en 1965 !
Petit à petit, on s'attache à ces gens normaux, dont on découvre les faces cachées, les blessures, et au final, les raisons de vivre, ou d'apprécier leur petit monde. Bien que vivant en apparente autarcie, ou isolement, ils ont chacun une philosophie de la vie, et n'en sont pas moins ouverts sur le monde. Le voyage humanitaire en Bosnie d'un des agriculteurs, accompagné du clown local, permet de se rendre compte de leur implication dans le monde. Mais de ce voyage dans la France dite « profonde », on retiendra surtout le visage de cette vieille dame, Céline, qui doit se farcir tous les soirs une soupe qu'elle déteste, et se réfugie dans un répertoire chanté très marqué à gauche. Ses yeux malicieux vous pénètrent durablement, à l'image de ce film enchanteur et touchant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur