Festival Que du feu 2024 encart

VICTOR

Un film de Thomas Gilou

Le retour gâché d’une idole

Alice, stagiaire dans un journal people, persuade son rédacteur en chef, Courcelle, d’organiser un concours dont l’enjeu est l’adoption de Victor, un vieillard sur le point d’être expulsé. Evidemment, il y a aussi de l’argent à la clef, et donc Guillaume Saillard y voit un moyen de financer la piscine dont rêve sa femme, Sylvie. Courcelle, dragueur invétéré, choisit alors les Saillard dans l’idée de séduire Sylvie. L’arrivée de Victor va bouleverser la vie des Saillard à plus d’un titre…

Autant le dire tout de suite : Pierre Richard a bercé mon enfance. C’est donc un mythe que je me faisais une joie de retrouver dans une comédie… Mais je m’attendais au pire et ce que je craignais est bel et bien arrivé ! Le bonheur des retrouvailles avec la légende s’est transformé en catastrophe (prévisible donc). Car c’est un piètre Thomas Gilou qui a pris les commandes de cet échec monumental. Un Thomas Gilou qui n’est plus celui des « Vérité si je mens » où jonglaient répliques et quiproquos à un rythme revigorant. Un Thomas Gilou qui est devenu un de ces réalisateurs qui pullulent du côté des pâles téléfilms franchouillards, ceux qui nous rempilent ad vitam eternam les mêmes recettes de grands-mères, avec leur goût de rance, leurs grosses ficelles et leur absence de style cohérent.

Car où est l’homogénéité ici ? Nulle part ! On commence avec un générique d’animation à la « Juno », complètement à côté de la plaque (d’égout) et on enchaîne avec un ensemble innommable de situations plus ineptes les unes que les autres (dégoût...). S’active alors un méli-mélo de tons qui ne permettent jamais au film de choisir où basculer. Côté film de mœurs ? Côté satire sociale ? Côté comédie bon public ? Côté tragi-romance ? Bref, un gloubi-boulga qui ne permet d’apprécier ni la banane (qu’on aurait aimé avoir au visage) ni la moutarde (qui ne monte pas assez au nez par manque de piquant).

S’accumulent par-dessus tout cela des raccords de montage à gerber, des acteurs dépassant à pieds joints la ligne jaune de la caricature et/ou du mauvais jeu, des clichés à n’en plus finir et une artificialité non crédible (même la parodie de couverture de magazine people sonne faux !). Alors que reste-t-il dans cette carcasse de comédie tragiquement sacrifiée ? Pierre Richard quand même, au-dessus du lot, et dont on regrette donc d’autant plus amèrement sa non-mise en valeur (on attend de le revoir dans un rôle plus secondaire très bientôt dans le « Cinéman » de Yann Moix). Et quelques rares répliques et situations comiques, ça et là, mais qui ne restent pas dans les mémoires. Bref, même pas de quoi atteindre un mauvais Chatiliez...

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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