VANDAL
Le film d’une jeunesse qui s’adresse à toutes les générations
Ce n’est ni un film sur le monde du graffiti, ni un film sur une jeunesse violente – malgré ce "Vandal" de titre – c’est un film sur un jeune qui tourne en rond dans des voitures volées, comme dans sa vie. C’est un ado qui se cherche une place dans sa famille et dans la société. C’est l’histoire d’une construction, quand on se forge un caractère, quand on se façonne une morale et quand on prend ses responsabilités. C’est un peu l’histoire de la vie adolescente, celle que tout un chacun peut comprendre et revivre à travers les yeux rieurs et enjôleurs de Chérif (impeccable Zinedine Benchenine, confondant de naturel malgré son statut de comédien « non professionnel »).
"Vandal" est un premier long-métrage français réalisé par un jeune cinéaste de 32 ans, Hélier Cisterne, qui se révèle prometteur. L’écriture (qu’il partage notamment avec sa compagne Katell Quillévéré, elle-même réalisatrice) est pour beaucoup dans la réussite du film. Le parcours de Chérif, entre son caractère à canaliser, sa découverte du graffiti, ses sentiments naissants pour sa camarade de classe et ses relations avec le monde adulte, intéresse suffisamment le spectateur pour ne pas le perdre en cours de route. L’histoire équilibre savamment l’humour (géniale scène à la bibliothèque), la romance et l’action, comme pour toucher un peu à tous les genres, mais sans se perdre, ayant toujours en ligne de mire son personnage principal et ses enjeux.
L’unique regret finalement est le caractère trop austère du film, ce qui irrite en partie. On aurait vraiment aimé que cette jeunesse lâche davantage prise, la joue plus cool, aussi bien devant que derrière la caméra. L’ambiance du film s’en trouve souvent plombée, d’autant qu’il comporte de nombreuses scènes de nuit, des décors de gares désaffectées et des seconds rôles rudes (à l’image de la copine, du cousin ou même de la mère, interprétés par des comédiens excellents mais engoncés dans des costumes trop sérieux et trop froids)… Et c’est d’un peu de chaleur que manque Chérif… Une chaleur qui se serait aussi propagée sur le spectateur enclin à plus d’empathie envers un film qu’il conseillera quand même au public de découvrir.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur