LA VAGUE
Piège en eaux troubles
Dans le cadre d’un projet scolaire, un professeur d’un lycée allemand, Rainer Wenger, anime un atelier sur l’autocratie. L’idée est de démontrer la force de la démocratie à travers la perversité des autres régimes politiques. Ce dernier décide de plonger les élèves dans un jeu de rôle immersif, instructif et très proche de la réalité dictatoriale. Mais avait-il pensé à toutes les conséquences ?
« La Vague » est un film qui plaît et séduit grâce à un grand nombre d’atouts des plus simples.
Le premier est l’absence de longueurs : les transitions vont toujours vers l'essentiel. Le film se déroule sur cinq jours, chacun d’entre eux apportant sa brique à l'édifice ; une semaine scolaire, et dieu créa une autocratie complète et parfaite… Pour le plus grand malheur de tous. Il n’était pourtant pas évident de filmer un cours d’histoire sans endormir la place publique !
Le deuxième atout réside dans les questions que le film arrive à soulever en toute « légèreté » : avons nous vraiment tiré une leçon de l'Histoire ou encore, avons-nous su tirer de tout cela une morale et un mode de vie sain ? En découlera ainsi une question pertinente : sommes-nous sûrs de nous prémunir du retour du nazisme ou de toute autre forme de dictature qui s’accompagne généralement de son lot d’horreurs ? Voilà ce à quoi le film tente de répondre.
Mais « La Vague », c’est également la richesse des thèmes abordés, toujours avec souplesse : les aspects communautaires, la recherche de son identité, la recherche de la reconnaissance de soi et la discipline du corps et du comportement. Le film nous montre que même les bonnes volontés et les bons caractères, s’ils sont poussés à leur extrême, amènent inexorablement le revers de la médaille : le rejet du différent, la recherche perpétuelle de bouc émissaire et donc la non prise de responsabilité ou bien encore l’absence de la notion de pardon.
Dennis Gansel nous met en garde contre l’effet du pouvoir sur chaque homme. La route vers l’enfer est pavée de bonnes intentions dit-on. Ce film en est la preuve cinématographique. L’homme veut bien faire et au final, il se laisse happer par l'abus, la force et la satisfaction que procure le fait d'être écouté et respecté : nous sommes victime de notre nature humaine. Coté réalisation et leur professeur également.
En conclusion, « La Vague » est une œuvre très forte, portée par de jeunes acteurs et un professeur tout à fait crédibles, et cela réside dans la facilité qu'il a, à aborder un thème aussi dur, en si peu de temps et de manière percutante. S’enchaînant sur les points clefs, il nous démontre que nous ne sommes pas à l’abri et que la vigilance de tout temps doit être de mise, surtout dans un contexte social défavorable. Avoir du pouvoir et une influence sur les gens implique une grande responsabilité. Voilà ce qu’avait conseillé Jonathan Kent à son fils à l’époque… Et il avait diablement raison !
Jean-Philippe MartinEnvoyer un message au rédacteur