Festival Que du feu 2024 encart

UNO

Un film de Aksel Hennie

L’heure de choix

David, 25 ans, partage son temps entre la salle de sport où il travaille, son appartement, où il s’occupe, avec sa mère, de son frère trisomique et de son père, malade d’un cancer, et la rue, où il traîne avec son ami d’enfance, Morten. Un jour, alors que son père est rentré à l’hôpital, en phase terminale, David, passé au boulot récupérer quelques affaires, tombe en pleine descente de police. Il se retrouve alors face à choix difficile, dénoncer ou non Lars, le fils de son patron, possesseur de la drogue et du flingue trouvés par les flics, ou risquer de ne pas revoir son père avant ses derniers instants…

Tout droit venu de Norvège, Uno est un film d’une dureté rare. Non pas qu’il s’inscrive dans une réalité sociale particulièrement tendue, mais dans un milieu d’hommes où muscles et magouilles font bon ménage. En effet, par ce qui semble au premier abord être un hasard géographique, mais relève plus de fréquentations issues d’un reliquat d’une vie de débrouille, David et Morten, les deux amis d’enfance, sont en contact avec un dealer violent, qui influence le fils du patron de leur salle de gym. Mais ce qui aurait pu être un simple petit film de gangs, prend une toute autre dimension avec les choix que doit faire le jeune homme, impliquant par là même des prises de position des autres.

Entre choix égoïstes et sacrifice par désir de droiture, chacun des personnages agit selon ses intérêts et sa conscience. Et plus le film avance, plus on frémit à la pensée des conséquences prévisibles de chacun de ces choix. Car le scénario, d’une logique implacable, ajoute la malchance ou les hasards malheureux au destin du jeune homme, l’enfonçant dans une voie qui le force à choisir, notamment entre lâcheté et courage. Saluons donc ici le travail remarquable de Aksel Hennie, jeune acteur principal, qui réalise également ce film, dont il a écrit le scénario sur près de douze ans.

Il fait preuve, dans sa mise en scène, d’une sobriété confondante, d’une maîtrise extrême dans les accès de violence passagère, et d’un sens du cadre et de la couleur qui vous plongent directement au cœur d’un univers inquiétant. Si la symbolique du jeu de carte, liée au titre, n’est pas de prime abord, évidente, on ne peut qu’abonder dans le sens du jeune auteur, lorsqu’il affirme que chacun ne peut se déterminer vraiment qu’en se débarrassant de l’influence des autres (parents, proches, rencontres…), et qu’en prenant conscience de sa capacité à saisir les opportunités que lui offre la vie. Une œuvre exigeante à ne rater sous aucun prétexte.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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