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UNE ODE AMÉRICAINE

Un film de Ron Howard

Tonton Ron a dérapé pour Noël !

Alors qu’il étudie à Yale et qu’il doit candidater pour un stage très important pour la suite de son parcours scolaire, J.D. doit se rendre au chevet de sa mère dans son Ohio natal. Lui qui avait tout fait pour s’émanciper de ce milieu, le voici obligé de se replonger dans un environnement qu’il désire tant oublier…

Une Ode américaine film

Il est plus que probable que vous n’ayez jamais entendu parler de l’œuvre littéraire "Hillbilly Elegy", un best-seller américain retraçant le parcours d’un « péquenaud » (traduction souvent usitée pour « hillbilly ») s’émancipant de son milieu social pour rejoindre la prestigieuse université de droit de Yale, tout en dressant un miroir sur une Amérique abandonnée, cataloguée de « rednecks », et où la crise industrielle a poussé l’historique Rust Belt à voter Donald Trump. Sous la caméra de Ron Howard, l’élégie devient une ode, une chronique synthétique des mutations de l’Amérique rurale à travers le prisme d’une famille ordinaire. Et c’est déjà l’un des premiers écueils de ce drame au propos dérangeant, faire passer l’exemple d’un foyer dysfonctionnel comme la norme dans ces États regardés de loin par les élites dirigeantes.

Nourrissant son récit de nombreux clichés, le film au montage alterné frôle le ridicule académique, où les acteurs grimés et transformés physiquement cabotinent dans un ensemble terne dépourvu de toute ambition esthétique et formelle. Là où on rêvait de l’autopsie d’un pays en proie à des divisions profondes, on doit se contenter d’un numéro grotesque de comédiens égarés dans la vacuité du scénario, sans aucune analyse politique ou sociétale, ni même la moindre prise de recul. Au contraire, l’objectif aime se focaliser au plus près des protagonistes, exposant les imperfections de peau et les traits marqués des personnages, car bien sûr, lorsqu’on est pauvre, on a des boutons. Mécanique et prévisible, le métrage, d’une froideur questionnable, ne suscite aucun émoi, se contentant d’enchaîner les séquences dramatiques dans une surenchère d’effets artificiels et surannés.

Si par son absence de réflexion, cette nouvelle réalisation de Ron Howard se révélera être un beau raté pour certains, d’autres pourraient même y voir du cynisme dans sa complaisance à capturer la répétition des schémas sociaux, basés selon le scénario sur des mécanismes très simples (exemple : je vis un drame, donc je deviens drogué). Laissant le drôle d’arrière-goût d’assister à un pastiche par le gratin hollywoodien de la brousse des Appalaches, façon freak show, "Une ode américaine" confirme malheureusement que le cinéaste derrière "Willow", "Un homme d’exception" ou encore "Apollo 13", n’est plus que l’ombre de lui-même depuis de nombreuses années déjà (oui, ça fait presque encore plus mal que le visionnage de "Solo: A Star Wars Story").

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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