UNE FIANCÉE PAS COMME LES AUTRES
Le regard des autres
Lars vit dans le garage, à côté de la maison de son frère. Extrêmement réservé, il doit se faire prier plusieurs fois par sa gentille belle-soeur, avant de daigner venir manger avec eux. Un beau jour, Lars reçoit un colis contenant une femme en plastique, qu’il pose sur un fauteuil roulant et emmène partout, la présentant comme sa petite amie, Bianca…
Difficile de ne pas compatir face à l'histoire de Lars, déboussolé, et tellement incapable de communiquer qu'il va utiliser une poupée moulée à l'image de la femme de ses rêves pour s'intégrer à un monde qui le regarde du même coup... bizarrement. Difficile également de ne pas participer à la perplexité et à l'inquiétude de sa famille. Mais difficile également de se dire que le réalisateur et le scénariste n'en font pas des tonnes pour tirer la larme à un spectateur aussi surpris que déstabilisé face à une histoire des plus sérieuse, contrairement au traitement fantastique choisi dans « Love object » ou comique dans « Monique ».
Point de rire forcé ici, même si l'humour n'est nullement absent. Le décalage avec les comportements d'habitants bienveillants et quelques présupposés sur la belle sortis de l'imagination du jeune homme (elle aurait « été élevée par les nonnes » !) provoquent tout de même un rire pudique. Si l'approche d'une thérapie par l'implication (comme l'affirme la médecin: « Bianca est en ville pour une raison ») est intéressante, on doute cependant que les choses se passent aussi bien dans la réalité. De ces divagations ordinaires, on retiendra l'interprétation sans tâche de Ryan Gosling (« Half Nelson ») et d'Emily Mortimer (« Dear Frankie »), mais on regrettera un manque certain de réalisme.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur