Festival Que du feu 2024 encart

UNE BELLE FIN

Un film de Uberto Pasolini

Une jolie chronique d’humanité locale

Seul aux funérailles d’un inconnu, John May termine sa journée de travail. Employé municipal, il est chargé par sa direction d’enquêter sur les personnes isolées retrouvées mortes à leur domicile, pour que celles-ci échappent à la fosse commune. Alors qu’il rédige l’oraison funèbre d’une vieille dame, John est convoqué dans le bureau de son supérieur…

Au Royaume-Uni, certains fonctionnaires ont pour délicat travail d’enquêter sur le passé des personnes décédées seules et sans attaches, afin de leur organiser des funérailles décentes. En fouillant leur appartement, ils tentent de trouver des indices qui révéleraient l’existence d’un ou plusieurs proches à prévenir de la triste nouvelle et, si malheureusement ils ne trouvent personne, ils observent les objets appartenant au défunt pour pouvoir leur offrir une cérémonie qui leur ressemble.

Intrigué par ce travail d’investigation posthume, Uberto Pasolini observa durant sept mois le travail d’une de ces enquêtrices, pour donner vie à son personnage : John May. Homme minutieux et sensible, cet employé modèle s’investit totalement dans chacun de ses dossiers (inspirés pour la majorité d’histoires vraies). Comme beaucoup de ses « clients », l’homme vit seul dans un petit appartement propre et bien rangé. Il mange toujours la même chose et s’adonne chaque soir au même rituel : ranger soigneusement les photos des personnes défuntes dans un album. Une galerie de portraits d’anonymes qui incarne sa seule et vraie famille.

John May n’est pas pour autant un homme malheureux. Totalement comblé par son travail, il ne semble aucunement souffrir de solitude. C’est un homme simple, contemplatif, qui semble figé dans un monde en marge de la société. Filmé en plan fixe, sans fioritures, il est souvent immobile au centre du plan, quelquefois accompagné d’une véritable statue à ses côtés. Cette toute première partie, solennelle et monotone, déconcerte quelque peu par son minimalisme jusqu’à ce qu’un grain de sable vienne gripper cette routine bien huilée.

Licencié par un boss arriviste et sans scrupules, John May va devoir enquêter sur son dernier défunt, qui s’avère être son voisin. Cette dernière affaire va permettre au réalisateur d’opérer une jolie métamorphose de son héros. Au fil de ses recherches, ce dernier s’éveille à une nouvelle vie qui va lui permettre de rompre avec son passé purement altruiste. Tout en gardant une certaine retenue, le film prend alors une tournure plus sensible, jusqu’à son épilogue totalement inattendu. Les dernières scènes, magnifiques, pour ne vous révéler que cela, offrent au film ce que nous promet son titre éponyme : une (très) belle fin. Uberto Pasolini, conclut ainsi une histoire toute simple mais qui marque les esprits par son originalité autant que par la délicatesse de son sujet.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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