UNE BELLE COURSE
Un portrait ruiné par de catastrophiques flash-back
Charles, chauffeur de taxi un peu à cran, qui n’a plus que deux points sur son permis, se retrouve à devoir aller chercher une vieille dame de 92 ans, Madeleine, à Brie sur Marne. Celle-ci, qui doit se rendre à sa maison de repos, jette un dernier coup d’œil à sa maison avant de s’engouffrer dans le véhicule, et se met à raconter des éléments de sa vie au chauffeur. Bientôt, elle lui demande de faire un détour par Vincennes pour voir ce qu’est devenu le quartier où elle a grandi…
Il y avait dans la rencontre entre Dany Boon en chauffeur de taxi de 46 ans et de Line Renaud en vieille dame de 92 ans ayant encore toute sa tête mais contrainte de vivre en maison de repos, une belle promesse d’émotion. Le film, qui faisait l’ouverture du festival d’Angoulême, avec rien de moins que 11 salles pleines en parallèle, n’en demeure pas moins malheureusement une réelle déception. Si Line Renaud charme le spectateur avec ce rythme qui est propre aux personnes très âgées et un personnage aussi curieux que désireux de partager des souvenirs, le dialogue entre les deux personnages mettra réellement du temps, sans doute trop, à s’installer dans une tonalité naturelle.
Les bribes de souvenirs évoqués ça et là, au travers de certains lieux où les deux personnages vont se rendre, ont du mal à créer les contours d’un personnage féminin fort. D’où sans doute le choix d’insérer un certain nombre de flash-back sur la jeunesse hors norme de cette femme presque trop droite pour être réelle. Si le message contre la soumission est essentiel, l’histoire déployée au travers de ceux-ci ne reste qu’éparse, résumée maladroitement à quelques moments clés surjoués et tellement schématiques niveaux dialogues qu’ils provoqueraient plus un ricanement qu’une réelle compassion.
La plupart des flash-back sont donc tout juste catastrophiques, nous faisant sortir ce qui pouvait faire le charme de cette comédie dramatique : le contact entre deux générations, le dialogue et l’écoute, la naissance d’une complicité... Si cela pointe dans quelques scènes émouvantes, comme lorsque Line Renaud demande à pouvoir prendre le bras de Dany Boon, ou lors de l’arrivée à la maison de retraite, une conclusion hâtive aux tonalités de happy-end achève de faire tomber le projet dans une certaine mièvrerie. Alors on ira vite revoir "Joyeux Noël" ou même "Une hirondelle a fait le printemps" pour retrouver une Christian Carion en bien meilleure forme.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur