UNDERWORLD : BLOOD WARS
Un final laborieux
Faisons un récapitulatif. C'est en 2003 que tout commence. Arrive sur nos écrans "Underworld", une histoire aux effets spéciaux un peu fauchés où vampires et lycans (loups-garous) se font la guerre à coups de balles en argents et de crocs acérés dans les stations de métros d'une ville urbaine quelconque. La presse ne se retrouvera pas totalement conquise (à l'exception de Mad Movies ou de L'écran Fantastique) par ce premier épisode ni par les suivants. Mais le film charme une partie du public grâce à son mélange de film d'action urbain et de « monster-movie » au style gothique. Mais c'est aussi du fait de son actrice principale, Kate Beckinsale, que le long métrage tient la route. Car oui, au début des années 2000 on a une émergence de sagas (à la qualité certes discutable) qui sont portées par des femmes au caractère bien trempé et aussi malines qu'un Indiana Jones. On a droit à "Resident Evil" avec Milla Jovovich, "Tomb Raider" avec Angelina Jolie et notre "Underworld" avec la belle brune Kate Beckinsale en tenue moulante. A elle seule, elle tient le film sur ses épaules. Des scènes de combats en passant aux scènes plus intimistes, l'actrice relève le défi haut la main et peut se mesurer sans hésiter à un Jason « Frank Martin » Statham. Mais voilà, la saga ne s'arrête pas là et après un "Underworld Evolution" de haute tenue et présageant les meilleurs horizons scénaristiques, le studio nous vend un prequel assez passable en 2009 et inutile ainsi qu'un "Nouvelle ère" (2012), revigorant et généreux mais avare en réponses. Nous voilà avec un nouveau et ultime (?) volet cette fois réalisé par une femme, une première pour la franchise. Anna Foerster vient majoritairement des séries télés mais fut aussi directrice de la photographie sur des longs métrages de Roland Emmerich ("10 000", "Le jour d'après"...). Autant vous dire que son expérience révèle qu'elle est plus une technicienne que réellement un auteur. Elle est par ailleurs chargée de la suite de "Source Code" de Duncan Jones, ce qui n'est pas sans nous inquiéter un peu...
Comme toute saga un peu fauchée et dont la soi-disante mythologie tient sur un timbre poste, Underworld 5nous balance un résumé des derniers épisodes dans son introduction. On nous rappelle l'importance des aînés vampires (que Sélène a décimé dans les épisodes précédents), on revoit le visage de l'hybride Mickael qui a disparu depuis le second épisode pour des raisons plus qu'obscures. Le résumé mentionne également la fille de Sélène découverte dans le 4ème épisode et dont on apprend qu'elle se cache sans que même sa propre mère sache où elle se trouve. Et nous voilà laborieusement lancés enfin dans le film avec une séquence d'ouverture où Sélène est poursuivie par des lycans. Le film, via cette introduction plus que laborieuse, montre déjà ses faiblesses : le rappel pour les spectateurs qui n'auraient pas vu les autres films de la franchise montre bien le désintérêt que les producteurs ont de livrer un soi disant ultime et honnête volet. Alors oui Kate Beckinsale est de retour. Oui elle est toujours aussi crédible à l'écran quelle que soit la scène et oui elle reste « badass ». Mais en tant qu'amateurs des deux premiers volets, on était en droit de recevoir des réponses correctes et respectueuses de l'univers que Underworld premier du nom a créé. Finies les interrogations ainsi que les possibilités que les hybrides entre vampire et lycans pouvaient amener. Fini Mickael et son histoire d'amour avec la belle Sélène. L'irrespect de ce personnage reste d'ailleurs l'une des plus grosses faiblesses du film. Aucune trace de l'acteur des films originaux, il sera mentionné à la fin dans une révélation scénaristique qui se moque du spectateur. La fille également de Sélène, élément intéressant du 4ème film, n'est présente que 10 secondes à la fin du générique. Tous les personnages importants et essentiels à la construction de la mythologie qu' Underworld a essayé d'installer ne sont pas présents ou peu. Comment appeler une conclusion quelque chose qui fait des pirouettes scénaristiques pour cacher son manque de générosité réelle envers son public ? Alors que le film s'attarde sur les nouvelles figures comme le personnage de Theo James qui se retrouve après une énième rebondissement poussif être le dernier décédant des aînés. Sa volonté maladroite de lier tant bien que mal ce volet avec d'autres segments de la franchise crée un malaise et un sentiment de duperie. Cependant les acteurs ne sont pas à remettre en cause, mention spéciale à Lara Pulver en chef vampire, qui avec un plan maléfique aussi alambiqué qu'idiot, et avec quelques séquences en roue libre, donne un charme nanardesque au film encore plus appuyé.
Underworld est une saga qui frise le nanar, avec ses transformations de loups-garous en CGI datant d'une autre époque, avec son héroïne imperturbable et toujours prête à sortir une bonne « punchline ». La saga a toujours eu ce charme mais cela n'empêchait en rien de satisfaire le spectateur venu chercher de quoi rire un peu et se divertir. Le second épisode restera donc le meilleur pour sa générosité dans le gore et les scènes d'actions jusqu'à en devenir épique dans son climax. Underworld, dernier de la portée, peine à remplir un contrat de dernier épisode et reste trop sage. Les scènes sanglantes se font rares et les affrontements sont pénibles à regarder (notamment les fusillades de fin). Blood Wars, handicapé par une durée qui frôle l'arnaque (1h25 sans générique) laisse donc un goût amer après projection : même si on sait qu'on ne vient pas voir du Truffaut, le film se devait de respecter l'univers joliment posé par Len Wiseman ainsi que les personnages phares de la saga. Au lieu de ça on a droit à une conclusion sans saveur particulière et on se dit à bientôt pour un sixième et potentiellement aussi insultant épisode.
Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur