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UNDERWATER

Un film de William Eubank

20 000 clichés sous les mers

Une station sous-marine est attaquée par des créatures belliqueuses qu’un groupe de rescapés devra affronter pour survivre…

Underwater film image

Une multinationale, Titan Industries, se lance dans un projet pharaonique en batissant une gigantesque installation capable de creuser le sol de la fosse des Mariannes, qui n'est rien de moins que l'abyme le plus profond de l'océan. L'homme s'introduit donc dans le coeur de la planète pour en extraire les ultimes richesses, après avoir extirpé de sa surface autant de pétrole et de gaz que possible. Symboliquement cette immense colonne de forage figure donc une sorte d'épée ou de lance qui transperce la terre, menaçant ainsi de provoquer sa mort.

Les films d'horreur sont plus intelligents qu'ils n'y paraissent. Leurs folles histoires constituent bien souvent des métaphores qui permettent à leurs auteurs d'évoquer, sans qu'il n'y paraisse, les grandes inquiétudes de leur époque. La Guerre froide dans les années 50, le Vietnam dans les années 70, le 11 septembre dans les années 2000... Aujourd'hui l'enjeu qui proccupe les cinéastes semble être le réchauffement climatique et la mise en péril de l'environnement. "Underwater" s'inscrit pleinement dans ce nouveau courant. Son argument est simple : nous sommes allés trop loin dans l'exploitation des ressources naturelles, nous nous sommes aventurés sur des territoires que nous ne devions pas perturber, donc la terre se venge. C'est d'ailleurs le sens d'une réplique prononcée par l'un des personnages du film, qui nous dévoile alors clairement son propos. Un propos qui s'apparente cependant d'avantage à un prétexte visant à légitimer un manque d'imagination.

"Underwater" reprend à son compte l'ensemble de l'univers de James Cameron sans l'avoir pleinement digéré. Le contexte sous-marin d' "Abyss" bien entendu, la guerre monstrueuse d' "Aliens", la fable écolo d' "Avatar"... Il s'inspire également fortement des créatures et des effets de l' "Alien" original de Ridley Scott, et de l'immersion à la première personne du "Gravity" d'Alfonso Cuaron. Tous ces modèles, et d'autres encore (comme "MAL – Mutant Aquatique en Liberté"), sont repérables au premier coup d'oeil. Il est d'ailleurs frappant de voir à quel point ce monde sous-marin est visuellement et esthétiquement similaire à celui de l'espace interstellaire. Mais cela n'est pas un hasard, on comprend bien que le réalisateur n'est pas allé tourner au fond d'une centrale nucléaire immergée et qu'il n'a pas non plus fait construire le plus grand bassin du monde pour son film. N'est pas Cameron qui veut.

Malgré son efficacité et sa beauté visuelle, le film est malheureusement très paresseux et fait preuve de mauvais gout. Le casting, pour commencer, n'est pas du tout convaincant. Dès la première scène on sent bien que Kristen Stewart n'est dans son élément, et qu'elle n'est pas la nouvelle Sigourney Weaver. Ses déambulations en petites tenues n'ont pas vraiment le charme de la scène finale d' "Alien", avec Weaver en petite culotte (leurs physiques étant à l'opposé l'un de l'autre). Le groupe de personnages est très faible : le personnage du capitaine n'est pas creusé, le comique de service n'est pas comique, l'histoire du passé de l'héroine relève de l'anecdote... Entre un facehugger de pacotille et un monstre lovecraftien qui apparait inutilement à la fin, le bestiaire des créatures n'est guère reluisant. Aucune d'entre elles n'est promise à la postérité, faute d'un design ou d'une mise en scène originale.

Pour terminer en beauté c'est sans doute la fin qui est la plus décevante. Un remake raté qui finit en cliché absolu (Attention SPOILER) : Trois survivants, trois cabines d'évacuation dont une est hors d'usage. Nous avons donc droit au sacrifice final qui aboutit lui-même à l'explosion finale pour sauver le monde ! Et dire qu'en plein milieu de l'enfer des Philippines, après avoir subi un typhon, des dépassements budgétaires considérables et la crise cardiaque de son acteur principal, Coppola restait principalement préoccupé par l'idée de trouver une fin "originale" à "Apocalypse Now". Qu'il ne pouvait pas se résoudre à l'explosion bête et méchante du camp de Kurtz. Ici, malgré le confort de ses conditions de tournage assistées par ordinateur, le réalisateur n'a visiblement pas été trop torturé par le choix de sa conclusion.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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